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Le blog de la souris jaune

etre soi

Le monde selon Britt-Marie :))

21 Août 2022, 22:02pm

Publié par LaSourisJOne

Roman.

Acheté par hasard sur une braderie, je ne regrette pas cette découverte de ce roman suédois.

Léger, mais pas seulement, il a de quoi surprendre, faire sourire et sait toucher la corde sensible sans sensiblerie. 

Le personnage principal est atypique, très marquée dans sa personnalité : c'est une femme de 63 ans, qui traverse sa vie coupée de ses émotions ; digne, elle a vécu toute sa vie pour son mari, qui, il faut le reconnaître quand on le croise dans le roman, est un fieffé imbécile, idiot, imbu de lui-même, odieux...

Trompée, elle s'en éloigne un jour, et obtient une mission de quelques semaines dans un village paumé et l'abandon, Borg. Elle est sensée travailler à la MJC. Avec toute son innocence de femme ne connaissant rien à la vie, elle va rencontrer tout un village, tisser des liens forts avec ses habitants...

Plein de ramifications à cette histoire, et un milieu social pauvre, mais transcendé par le courage, l'abnégation, le fait d'aller de l'avant et une passion : le foot ! 

Alors le foot s'invite joliment dans le roman.

Le personnage de Britt-Marie pourrait avoir des allures caricaturales : elle récure, elle frotte, c'est son moyen d'oublier, de canaliser l'émotion, et je trouve qu'il touche, il atteint son but : presqu'un personnage de conte, il nous entraine dans son histoire, il fait mouche...

Bien sûr, on voudrait la voir évoluer plus vite... S'écouter plus... mais... 

Le mari, aura lui une évolution fulgurante, presque surprenante d'ailleurs, mais pourquoi pas... avec le fil rouge du foot qui fonctionne bien.

C'est une fresque sociale pleine d'humour et d'humanité.

Une belle découverte de vacances ! 

. Le monde selon Britt-Marie, Fredrik Backman, 2014 ; traduit du Suédois. Livre de Poche 2021.

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Arithmétique de la chair :)

7 Août 2016, 09:42am

Publié par LaSourisJOne

Arithmétique de la chair :)

Roman.

Evidemment, ce livre-là, si on ne me l'avait pas mis entre les mains, je ne l'aurais probablement jamais lu. La couverture, le nom... Et cela aurait été dommage.

Car j'ai aimé. Ce livre est singulier, je m'y suis coulée sans freins. Il surprend. Il nous donne à voir une conception du monde radicale, mais intéressante. Entre mathématiques, goût rassurant pour les chiffres qui décrivent le monde sans surprise et permettent de le rendre rassurant, et monde réel, extérieur où l'on peut se perdre. Evidemment, on se dit que les mathématiques qui sauvent pourraient être tout autre chose. Alors ce livre ressemble à une allégorie. Mais il s'y ajoute une dimension supplémentaire : le rapport au corps. De l'aveu de la narratrice parfois pas forcément compris, mais, et c'est là que cela étonne, comme étant souverain. Vivant sa vie au delà de l'esprit... Finalement, quand j'écris cela, je me dis que ça ne manque pas de sens.

En tout cas, cette Bettina est experte en chiffres et donc comptable dans une entreprise. Son corps se caractérise par un fort embompoint, elle vit une vie solitaire, se satisfait de peu, flanquée de ses écrans, et cela ne la gêne pas, elle est sereine. Et son corps se met à enfler, jusqu'à atteindre l'obésité des 96 kg. Elle s'étonne, elle qui mange si peu pour tenter de réguler ce corps... Puis, surviennent les événements qui vont bouleverser ce chemin : elle s'inscrit à un concours de mathématiques, concours télévisé, le remporte, et elle et son corps, elle et sa sérénité vont devenir des espèces d'icônes, parce que ressenties comme 'profondémement authentiques' et uniques dans le paysage actuel. Cela permet au passage à l'auteur de passer un regard largement critique et sans doute manichéen (même si on peut lui reconnaître qu'elle le connaît bien !) le monde de la télévision et des médias. C'est sans doute ce que je reprocherais à ce livre : de se laisser aller à des catégorisations trop rapides et simplistes. De faire entrer certains de ses personnages secondaires dans des 'schémas' (le patron de son entreprise est nécessairement sans qu'aucune chance ne lui soit donnée un petit bourgeois de courte vue gouverné à la maison par sa femme, par exemple ; mais cela sert aussi la finalité de son livre, son propos).

Donc, il y a dans ce personnage principal et dans son rapport au monde une sincérité, une authenticité, et une indépendance d'esprit qui séduisent. Bien sûr, on peut s'étonner de la suite, mais ce n'est pas pour déplaire, qu'un livre nous étonne : elle va séduire, séduire quelqu'un qu'il devait être impossible de séduire ; et, parce que c'est là sa personnalité, rester accrochée à cet amour qu'elle juge hors dimension, infini. Comme peuvent l'être les chiffres, en oubliant que l'humain est fait de faiblesses, de fragilités, et en refusant qu'il soit aussi fait de renoncements et de recommencements. C'est un être authentique, entier, comme le nombre, mais qui renonce, plutôt que de tenter de reconstruire... J'ai trouvé cette lecture très raffraîchissante.

Merci à Annie et à Delph de me l'avoir permise.

. Arithmétique de la Chair, Macha Méril, éd. Flammarion, mars 2016.

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En attendant Bojangles :)))

6 Août 2016, 08:38am

Publié par LaSourisJOne

En attendant Bojangles :)))

Roman.

Ah, quel plaisir j'ai eu, du début jusqu'à la fin, à la lecture de cet En attendant Bojangles ! Il m'avait fait saliver à sa sortie en janvier 2016, j'en avais encore entendu parler il y a quelques mois au moment des prix qu'il a rafllé : prix du roman des étudiants France Culture Télérama 2016, prix France Télévision, et grand prix RTL Lire.

Mais je n'avais pas l'avoir entre les mains.

Enfin, c'est fait. J'ai tout aimé dans ce premier roman d'Olivier Bourdeaut, qui se lit avec le sourire, parce que c'est beau, parce que c'est bien écrit, parce que c'est fin, et raffiné. Ce n'est pas toujours crédible ? Alors là, on s'en fout mais alors comme d'une guigne. C'est d'ailleurs la dernière question qu'on se pose.

Bojangles, vous savez ce que c'est ? Moi je ne le savais pas. Le titre d'une chanson de Nina Simone, M. Bojangles. Or, l'un des trois personnages principaux du livre, la mère, qui écoute des chansons et danse si souvent, a son préféré, et son rituel, avec ce morceau précis. 'En attendant Bojangles', c'est ce qui représente cette femme...

Je vais essayer de vous en parler sans trop en dire : on lit, raconté avec grâce et innoncence par le fils, l'histoire de ses parents. Des parents hors du commun, à la personnalité hors du commun, qui semblent avoir choisi cette voie pour exister, pour défier le quotidien. Alors l'excès est souvent au bout du chemin, un excès raffiné et on aime. On aime la rencontre de ces deux-là ; puis leur vie aux côtés de Mademoiselle Superfetatoire, ce grand échassier qui vit avec eux dans leur appartement, et de l'Ordure, leur ami sénateur. Où l'expression chateau en Espagne est prise au pied de la lettre ! C'est un manuel qui semble militer contre la morosité possible d'une vie, pour la fantaisie, parce qu'on a qu'une vie, et qu'il vaut mieux la rendre belle, pour ce qui nous appartient. Un hymne à l'amour, et la différence. Il y a ce chancellement, au coeur de la mère, jusqu'à un dénouement d'abord épique puis bouleversant, je dois m'arrêter là pour ne rien déflorer, mais ce livre est beau, si beau, et il finit avec une explosion d'émotion qui prolonge la magie de ce livre.

Je pense que je l'achèterai, pour pouvoir le relire.

En attendant, mille mercis à Delphine d'avoir sacrifié une de ses lectures d'été pour me le prêter !

En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut, édition Finitude, janvier 2016.

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Dysfonctionnelle :))

30 Juillet 2016, 11:21am

Publié par LaSourisJOne

Dysfonctionnelle :))

Roman, et même roman ado.

Ce livre-là m'a enchantée, m'a apporté un vent de légèreté, de fraîcheur et de joie, précieux moment !

J'ai passé un très bon moment avec cette famille 'tuyau-de-poèle' unique, dont chaque protagoniste a ses particularités. Elle s'appelle Fidèle (Fifi, alias Bouboule !), on va la suivre dans sa vie, son univers, sur son parcours, entendre sa voix très attachante dans notre oreille. Fidèle avance, unique et différente, dans le roman, mais surtout pour nous lecteurs, car c'est un type de personnage qu'on croise peu dans les romans.

Elle va nous raconter de façon aérienne ce qui fait qu'elle est elle, autrement dit, l'histoire de la rencontre de ses parents, pittoresque, légèrement, comme des faits, sans en faire dix chapitres : ainsi, son père, d'origine algérienne, qui tient un bar où se presse une faune attachante, a eu le coup de foudre pour celle qui deviendra sa mère, une jeune femme d'origine étrangère, fragile, qu'il va séduire et aimer passionnément, à sa manière. J'adore ce garçon qu'on imagine derrière son bar, le 'boss' respecté de tous parce que c'est le patron de bar, et qui sort son flingue (non chargé, mais ça, il y a que lui qui le sait !) lorsqu'un mot est déplacé à l'égard de sa femme... Son côté tendrement sanguin m'a fait rire ; de même que toute la fratrie de cette surdouée Fifi : ils sont sept enfants, alors il y a de quoi faire ! J'aime bien la militante qui se bagarre pour toutes les causes, elle m'a fait rire aussi, mais tous contribuent à ce qu'on passe un vrai plaisir de lecture.

On va suivre son chemin, pragmatique, loin du pathos, entre un père qui fait des allers-retours en prison et une mère tellement marquée par des souvenir de guerre qu'elle en perd régulièrement la tête ; Fifi se développe dans cet univers qui est le sien, et on la voit faire une force de ces fragilités. C'est un roman où la sollicitude et l'amour sous toutes ses formes emplissent les interstices et les failles, et ça fait du bien ; un très joli livre, grave parfois mais surtout très drôle.

Je vous le recommande chaleureusement !

Médiathèque de Saint-Malo.

Dysfonctionnelle, Axl Cendres, éd. Sarbacane, 2015.

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