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"La capacité de se décider pour le bonheur met du temps à prendre forme".
Pierre RABHI
Balade d'une dévoreuse de livres
"La capacité de se décider pour le bonheur met du temps à prendre forme".
Pierre RABHI
Alice au pays des singes :) http://t.co/IVRvlJVbHm
July 27, 2013
BD
Ca commençait un tout petit peu mal, mais ça n'a pas duré longtemps, heureusement : ça m'agace toujours dans une bande dessinée la paraphrase de dessins, quand l'auteur se met à écrire des trucs que le personnage n'aurait jamais prononcé au prétexte que peut-être le dessin ne va pas suffire à nous faire comprendre (genre : "oh, je chute !!" ; j'ai toujours dans ma tête une petite voix qui s'énerve un peu, et répond "ben oui, j'le vois bien !")... Mais ça ne dure pas, et très vite, je me laisse emporter dans cette histoire loufoque ; les conversations, les décalages m'ont bien fait rire.
On suit donc le plus naturellement du monde Alice, égarée du pays des merveilles au pays des singes, guidée par Mandrill et son gun, accompagnés de la plante carnivore Ella devenue végétarienne, à la recherche de l'arbre migrateur...
Naturellement déjanté. :)
. Alice au pays des singes, Tebo et Keramidas, éd. Glénat. 2012.
"La concurrence et l'accélération, parce qu'elles sont anxiogènes, sont par nature des agents destructeurs de la résonnance, qui induisent partout la peur".
Hartmut ROSA
"Nos représentations, nos désirs, notre rapport avec les autres, qui pourraient être harmonieux et que nous gâchons consciencieusement, notre rythme intime ne correspondent que rarement avec une réalité qui devrait nous combler dans le présent et dans la durée".
Michel ELTCHANINOFF
"Le diable n'est pas un personnage secondaire du légendaire catholique : on est aux prises avec lui à chaque instant. Personne n'est immunisé contre le diable, mais la part d'indemne en chacun, aussi minime soit-elle, est ce qui sauve".
Yannick HAENEL
"Le reccueillement n'est pas le contraire de la joie".
Yannick HAENEL
"Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre".
Blaise PASCAL
Depuis le temps que j'entendais parler de ce livre, j'étais curieuse de voir ce qu'il pouvait bien y avoir dedans. C'est fait !
De là à me coltiner les deux tomes suivants, Cinquante nuances de Grey, plus sombres, et Cinquantes nuances de Grey, plus claires... J'en doute fort !!
Tout d'abord, difficile de passer sous silence les grosses incohérences de ce livre. Si déjà l'on accepte sans douter le point de départ, c'est à dire la rencontre entre une jeune étudiante complètement inexpérimentée, et un homme d'affaires, milliardaire, pour une interview pour un journal de fac (auquel en plus, elle ne collabore pas, mais sa meilleure amie, malade ce jour-là !). Donc, admettons. Mais ce qui m'a surpris, ce sont les étranges décalages entre l'âge des personnages et ce qu'ils sont sensés faire à cet âge, surtout aux Etats-Unis... Bref : tous ces personnages de fac notamment sont aussi naïfs et inexpérimentés que des collégiens de 3ème !!! Ainsi, à plus de 21 ans, ils sont vierges (pour la plupart), participent à la rédaction d'un journal (de fac, donc, mais personnellement, je ne connaissais ça qu'au collège !!), et partent en vacances avec leurs parents..... Bien sûr. J'imagine que tout cela est sensé "servir" le récit, et renforcer, de manière très grossière, la grande différence (qui n'avait pas besoin d'être creusée), entre les protagonistes (l'étudiante et le milliardaire).
Vient ensuite l'histoire d'amour. Je suis bien obligée de dire que ces 551 pages (eh oui, quand même) m'ont fait énormément penser à ces romans "Harlequin", dont les personnages interchangeables ou presque, caricaturaux, sont juste destinés à être des réceptacles d'histoires sentimentales et à susciter quelque émoi chez les adolescentes.
Mais là encore, je ne peux passer sous silence l'aspect qui m'a souvent beaucoup gênée, voire profondément agacée ou révoltée : ce que l'auteur a mis de malsain dans la personnalité de son milliardaire. Ici, il peut-être utile de préciser que ce type, en plus d'être bourré de pognon, est beau comme un dieu, puisque l'oie blanche (pardon, l'étudiante, Anna), quand elle parle de lui, ne tarit pas d'éloges sur sa beauté à couper le souffle. On veut bien le croire. Mais du coup, elle nous donne un mâle surpuissant, qui n'a de plaisir que dans la soumission de l'autre, la femme en l'occurence. C'est là que c'est gênant, puisqu'il va même, ridicule qu'il est, jusqu'à rédiger un contrat de soumission avec la jeune femme, qui heureusement, bien que complètement aveuglée par cet homme (qui en plus passe son temps à trouver normal de vouloir l'acheter de toutes les manières qui soient), ne veut pas du tout de ce type de relation.
Ce ne sont donc pas les scènes en elles-mêmes qui heurtent, ou gênent (euh, Sade est passé par là, et on peut évidemment s'aligner, que l'on aime ou l'on aime pas, et c'était quand même il y a quelques siècles), c'est plus l'idée qui sous-tend tout ça, le rapport à la domination non seulement sexuelle mais voulue dans tous les domaines de la vie.
Et ça j'ai trouvé ça profondément malsain. Et pas racheté par la psychanalyse à deux balles que l'auteur tente de faire, via "ohhh, le pauvre garçon, il n'a pas eu de chance, il n'a pas été aimé par sa mère....".
Cela dit, j'aimerais quand même bien savoir (puisqu'on voit bien que c'est en filigrane, et que ce sera dit dans les prochains livres) l'histoire de ce garçon, juste par curiosité. Notez, il suffira qu'on me le raconte, avis !!
Ah oui. J'ai oublié : le "Grey" est évidemment un jeu de mot, puisque c'est le nom du milliardaire (Christian Grey), et que la narratrice passe son temps à se l'appeler "monsieur cinquante nuances", tant elle le trouve insondable... Personnellement, je ne l'aurais pas appelé monsieur "cinquante nuances", mais bon.... !!
. Cinquante nuances de Grey, E.L. James, JC Lattès. 2011.
Si je vous dis que j'ai lu ce livre parce que je l'ai trouvé dans une pochette-surprise, on dirait un gag, et pourtant... c'est vrai !!
C'est l'idée géniale de mes chères bibliothécaires. Donc, grâce à elles, j'ai lu ces "Amours transversales", que j'ai adorées donc je les en remercie !
Catherine Cusset entre ici dans l'interstice des cassures, ou des histoires qui s'essouflent pour nous raconter comment les personnages (nous autres) rebondiss(ons). Elle choisit de donner à voir ces "petites histoires", parallèles à la grande, qui ne font à priori pas dévier une trajectoire... Ces amourettes, ces histoires vécues pour combler un manque, nourrir un besoin... Intenses et brèves, souvent.
Elle raconte les croisements, les rendez-vous manqués, avortés ; ce qu'on est prêts à lâcher pour une passion, alors même que l'autre pas. Cette injustice implacable dans les élans, cette inégalité, parce qu'on n'a tout simplement pas mis les mêmes attentes, les mêmes enjeux...
Avec finesse, elle donne à voir aussi les assauts de la raison qui se heurtent à la force du désir, à la lame de fond même de l'élan sexuel, du désir, qui contraint la raison à de petits arrangements jusqu'à se couler dans l'acceptation de ce désir. Elle étudie aussi brièvement (et c'est un tout petit passage du roman) les causes du désir, féminin notamment, au delà du "pic" de désir correspondant au milieu de cycle...
On entre avec gourmandise dans la vie de chaque personnage, dont les chemins s'entrecoisent, Camille, le chirurgien marié, Myriam, Luis etc... Les personnages secondaires sont eux aussi instructifs. Une très belle découverte.
. Amours transversales, Catherine Cusset, éd. Gallimard, NRF, 2004.