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"Tant que je ne connais pas mon ennemi, je ne peux pas le combattre".
Anne-Laure BONDOUX
Balade d'une dévoreuse de livres
"Tant que je ne connais pas mon ennemi, je ne peux pas le combattre".
Anne-Laure BONDOUX
"Sans m'en rendre compte, dans le petit théâtre de mon esprit, je fais jouer le rôle de mes parents à d'autres personnes. Et si par malheur ces personnes me délaissent, l'angoisse remonte des profondeurs..."
Anne-Laure BONDOUX
Famille, tracas et Cie, ou la trajectoire d'une
hypersensible, de son mariage à à sa maternité. Jane-Louise, 40 ans, jolie brune filiforme est dessinatrice par passion dans une maison d'édition ; elle a épousé (presque par hasard) un certain
Teddy, cadenacé dans son non-expression de ses sentiments. Ils sont donc tout le contraire l'un de l'autre ; sans doute ce qui fait qu'elle passe son temps à se demander ce qui fait qu'il est
avec elle, et s'il l'aime, même s'il ne cesse de lui montrer. En même temps qu'on la voit vivre sa vie professionnelle, sa vie de couple, ou son amitié avec sa meilleure amie la précieuse Edie,
on a donc tous ses états d'âme, ses questionnements, ses doutes... Ainsi que sur sa famille, et aussi sur l'ambivalence qu'elle ressent à l'égard de son collègue le beau et libidineux Sven...
Force est de constater que ce livre ne m'a pas passionnée. Je suis allée au bout en attendant quelque chose, je pense, or, il ne se passe pas ce que j'attendais : la trajectoire se poursuit, et tous ces questionnements n'aboutissent à rien (en terme de remise en question ou de changement). Cela dit, l'auteur semble nous tendre ce récit pour nous dire : le bonheur est souvent très simple, on cherche souvent à voir ce qui le trouble, or il n'y a peut-être rien. Il est là, et nos questionnements inutiles : la vie se déroule inexorablement, à quoi bon s'inquiéter : elle est assez belle, non ?
. Famille, tracas & Cie, Laurie Colwin, éd. Livre de Poche. (Paru en France en 2005).
"Quand les femmes ont des enfants, elles traversent une ligne sacrée et se transforment".
Laurie COLWIN
L'histoire se passe en Grande Bretagne.
Edinbourg, Londres, et une petite île tout au nord de l'Ecosse. Ce qui donne cette ambiance particulière, plutôt réussie, un parfum du Phare, de PD James, ou même du Cercle
littéraire des épluchures de patates... Au coeur de cette histoire, Laura, écrivain. Au moment où paraît son deuxième roman, son éditeur perd sa trace. Où est-elle passée ? Celle-ci se
terre, dans ce petit village îlien, où elle se sent protégée du regard des autres, aux lendemains d'un terrible accident de voiture... qui l'a défigurée, et qui lui a pris tout son passé : elle a
perdu la mémoire. L'éditeur qui se lancera sur ses traces et va la retrouver va du même coup, tomber amoureux de celle-ci ; et tout à la fois, petit à petit, en même temps que les souvenirs
reviennent une sombre, très sombre affaire prend corps. En même temps que des pans entiers de son passé. On sent dans ce personnage à la fois une sourde détermination, une force, et en même temps
une fragilité touchante. L'amnésie, et la terreur que le fait de ne pas savoir, en même temps que la grande nécessité de sortir du flou sont plutôt bien rendus. Ce livre se lit très vite, le
rythme est plutôt bon ; cela dit, une fois que l'amour est assumé et partagé, j'ai regretté l'afflux, le débordement de déclarations d'amour, les effusions innombrables entre les deux personnages
qui finissent par écoeurer un peu... Cela dit, je n'ai guère envie d'égratigner ce livre, d'abord parce que j'en garde un bon souvenir de lecture d'une part, et ensuite pour avoir rencontré
l'auteur, d'une grande générosité, et qui m'a beaucoup touché...
. L'empreinte des ténèbres, Chantal Jagu, éd. Pascal Galode. Mars 2012
"Au fond quand on renonce sur un point, est-ce qu'on ne renonce pas sur tous les points ?"
Daniel MARTIN
On ne peut pas dire que j'aie été très
emballée par ce dernier livre de Barbara Constantine. D'elle, je n'avais lu que son Tom, petit Tom, tout petit homme Tom, que j'avais beaucoup aimé.
Mais là... Dieu que je me suis ennuyée ! J'ai eu l'impression de lire du Gavalda avec ses bons sentiments dégoulinants à la louche... et comme son style, truffé de "ça" m'a très vite énervée, eh bien, je dois bien avouer que je n'ai trouvé guère d'intérêts à ce livre. On peut dire que la première moitié du livre est très insipide ; d'autant que ses personnages ont le trait gros, et qu'à force de le forcer, justement, le trait, ils en deviennent carrément caricaturaux !
Ce qui m'a gêné aussi, c'est la nostalgie qui transpire de ce roman. Même si son propos c'est de dire : voyez quelles belles choses on pourrait faire si on ouvrait les bras, et si on essayait de vivre tous ensemble ! Mais elle peint ici une fresque rurale sensée se passer de nos jours, dans un cadre digne des années 50. (Les femmes aux portes de la mort portent leur dentelle noire... vous en connaissez beaucoup, vous, des comme ça, de nos jours ??) J'ai commencé à frémir, disons, j'ai dû lever le sourcil lorsqu'elle met ensemble tout ce petit monde (puisque tout est gros comme une maison, on sait bien que c'est là qu'elle veut en venir), donc, j'ai trouvé l'ombre d'un soupçon d'intérêt dans la deuxième partie du livre lorsque tout ce monde-là cohabite...
Finalement j'ai aimé les histoires carrément abolies ou éloignées dans ce livre-là, plutôt que cette mélasse de bonnes intentions : l'histoire de Lionel, le fils ainé parti à l'autre bout du monde s'occuper de l'entretien de la cloture électrique des dingos (métier improbable s'il en est !), et l'histoire de Marceline...
Cela dit, je n'en garderai je pense qu'un souvenir fugace, et je ne le recommanderai pas...
. Et puis, Paulette... Barbara Constantine, éd. Calmann-Lévy, 2012.
Quel agréable plaisir de lecture que ce livre !
On ne sait pas trop où il nous embarque, mais on suit. On accompagne ce jeune homme roux de 22 ans, touchant, au fil de son voyage, vers son projet, sa passion, et finalement la découverte de
soi. Ce jeune homme a, depuis tout petit, la passion des plantes, des roses en particulier. Là où il grandit, sa mère lui fait découvrir la rosa candida, rare spécimen de rose à huit pétales...
Et il va prendre la route pour aller découvrir et travailler pour la plus célèbre roseraie du monde, qu'il a vue dans les livres, dans un pays étranger... Nichée au sommet d'un rocher, accolé à
un monastère. Tous ces personnages qu'il croise sont décidemment très attachants. Et il part avec son petit bout de vie, dont il ne sait trop que faire au départ : il est père d'une petite fille,
conçue en une nuit d'amour avec une fille qu'il ne connaissait pas ou si peu...
J'ai aimé la naïveté, la candeur de ce personnage et sa façon de vivre et de raconter les choses. Son regard pur sur les événements. J'aime le décalage, qui sonne si juste, extraordinairement bien rendu, entre ce qu'on laisse affleurer à la surface, ce que l'on dit, et ce que l'on pense. Le décalage entre cette extraordinaire palette de ressentis, d'émotions, et ce que l'on dit, au final, souvent ramassé et parcellaire... formidablement bien rendu à travers cette traversée de la forêt, avec une inconnue sur 600 km, dont il ne parle que très peu la langue, et à qui il a entrepris de parler de sa fille, et puis des plantes... Il y a la richesse de ses souvenirs, et ce qu'il laisse affleurer, curieux résumé d'épisodes tellement plus denses, riches...
Autour des choses essentielles dans la vie, comme le fait de se nourrir, la transmission. Transmission de la vie, à l'image de ces recettes de famille que le fils a gardé de sa mère, et qu'il retransmet à son père, comme si la mère était toujours là, lors de leurs échanges au téléphone.
Et il y a cette belle découverte de l'amour, amour de l'autre, amour filial et amour tout court, ce qui fait qu'un être nous devient soudain indispensable ou presque, et illumine notre vie, à tel point qu'on se verrait bien faire un long, un très très long bout de chemin avec celui-ci... Et ce petit rayon de soleil, la petite fille, Flora Sol, l'enfant aux miracles, image de l'enfant Jésus...
J'ai trouvé ce livre délicat et pur, un peu à l'image de cette rose si rare et précieuse, qui traverse le livre, la rosa candida...Une très belle découverte.
. Rosa Candida, Audur Ava Olafsdottir, éd. Zulma. 2007 pour l'édition islandaise, 2010 pour la traduction française.
"Ceux qui arrivent un court instant à entrer dans la vie des autres peuvent avoir plus d'importance que ceux qui y sont installés depuis des années".
Audur Ava OLAFSDOTTIR
"De quoi avez-vous envie ? C'est la pire question qu'on puisse me poser car elle touche au tréfonds de mon être ; je ne sais pas encore ce que je veux, il me reste tant de choses encore à expérimenter et à comprendre".
Audur AVA OLAFSDOTTIR