Le pouvoir du chien :))

Roman.
Quelle force souterraine, ce livre !
Il avance, il rampe comme un mauvais serpent.
Il est d'un incroyable richesse et dextérité narrative : les points de vue sont emmêlés sûrement, loin d'être plaqués les uns après les autres, ils vous tombent dessus.
C'est une espèce de huis clos au milieu de grands espaces sauvages aux Etats-Unis, en tout cas ce qui se passe entre les personnages est de l'ordre du huis clos.
Ce ranch est le ranch des Burbanks. Le père et la mère (Le Vieux Monsieur et La Vieille Dame, dans le récit) sont partis vivre ailleurs ; les deux fils, d'une quarantaine d'années probablement, y vivent tous les deux, et dans les baraquements à côté les cow-boys qui travaillent au ranch.
On commence dans la tête de Phil très probablement, qui se réjouit de sa vie identique à toujours aux côtés de son frère... Frère taiseux qui va pourtant aller au village et tomber amoureux de Rose, qu'il va épouser. Et le couple va revenir habiter au ranch, avec le fils unique d'un autre lit de Rose. C'est là que commence le huis clos, les rouages d'une vie de cohabitation forcée...
Imaginez une Emma Bovary transposée chez David Vann ! C'est un peu à cela que m'a fait penser cette pauvre Rose.
Pulsions enfouies et transformées en haines, manières d'affronter et de survivre au quotidien... C'est vraiment, vraiment très fort, et le dénouement, qui vient de loin et souterrain est lui aussi extraordinairement percutant.
Je crois bien que c'est chez Luocine, qui l'avait adoré, que je l'ai découvert, alors, merci Luocine !
. Le pouvoir du chien, Thomas Savage, 10/18 domaine étranger (américain) ; 1967 ; 2002 pour la traduction française chez Belfond.