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Le blog de la souris jaune

Entre amis :))

24 Septembre 2017, 14:15pm

Publié par LaSourisJOne

Roman.

Enfin. Le retour de l'embellie, mes retrouvailles avec le plaisir de lire : sept jours sans, où tous les livres vous tombent des mains (J'ai essayé un Colette, un Scholes, et un autre encore sans doute...), c'est long. C'est très très long et vous craignez que ça ne revienne jamais. Enfin, c'est ce que ça me fait à chaque fois :)

Pour lors, Amos Oz m'a sauvée, donc :)

Le livre est présenté comme une succession de nouvelles, mais en réalité, c'est plus que ça : les héros autour desquels tourne chacune vivent dans le même kibboutz, une société collectiviste et se voulant autonome. Ce qui est très chouette, c'est que d'une 'nouvelle à l'autre', on voit qu'il a pu s'écouler quelques mois, comme si le temps avait passé, depuis ce qui nous a été raconté à propos d'un personnage qu'on a rencontré par ailleurs dans un autre texte ; les personnages nous ressemblent. Ils vivent dans une société qui ne répond pas aux même codes, mais ils ressentent la même chose, ils se trompent, ils aiment, ils doutent... 

J'aime aussi qu'ainsi les 'facettes' d'un personnage nous soient complétées, au delà d'une vision simpliste : ainsi, la commère du village (qui est un homme), n'est pas qu'un personnage agaçant : il est aussi un papa très poignant avec son petit garçon qui souffre du collectif et de ses nuits séparées de ses parents (les enfants ne dorment pas avec leurs parents)...

Chaque personnage est attachant ; c'est évidemment assez joli de finir sur le vieil homme, malade, cordonnier 'comme s'il veillait aux pas de ses compatriotes', plein d'espoir pour l'humain : il apprend l'esperanto parce qu'il est convaincu que lorsqu'on parlera tous la même langue il n'y aura plus de guerre... Lui qui connut les camps de concentration.

Un très beau livre, dont je dois la découverte à Marie-France. Merci !

. Entre amis, Amos Oz, éd. Gallimard Folio. ; 2012, 2013.

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... 503

23 Septembre 2017, 08:53am

Publié par LaSourisJOne

"Ignorer la dureté de l'existence est à mon sens aussi stupide que sacrilège".

Amos OZ

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Un temps égaré :)

15 Septembre 2017, 20:28pm

Publié par LaSourisJOne

Roman.

J'ai commencé par être agacée par les personnages de ce livre, les personnages masculins répondant à l'archétype du type riche, irrespectueux et trompant sa femme allégrement sans aucune considération pour quiconque. Cela aurait été très limité, comme intérêt de suivre un personnage comme celui-ci. Et puis les choses changent. Parce que coup sur coup, l'une de ses maîtresses avec qui il se montre odieux fait une tentative de suicide, et que dans la foulée, sa femme, qui a reçu les échanges de ces deux-là, le quitte (enfin). Ce que raconte la narratrice de la psychologie de cette femme-là, qui ferme les yeux jusqu'à la goutte d'eau de trop, est intéressant. En tout cas, l'odieux personnage, Eric Meyer, qui se drogue et a adopté une vie où il ne s'autorise que la performance' va "péter les plombs", un soir, aller trop loin, et se retrouver interné.

A partir de là, les choses sont réellement intéressantes. Par ses rencontres, contraintes, avec un autre monde que celui des finances, où il s'est bati une vie sans respect de l'autre. Parce qu'il va être confronté à cet autre dans sa différence, et dans sa fragilité, de pleine face, et qu'il sera crédible qu'il doute de ce qu'il est, un peu, petit à petit... L'échange avec ce psychiatre, trop vite abandonné à mon sens par contre dans l'approfondissement d'un personnage, est lui aussi très intéressant ; Eric Meyer va accepter enfin d'ouvrir le livre enterré de son passé, être amené à l'accepter, lui qui s'en était coupé, tellement amoureux de sa mère, pour ne pas en souffrir. C'est ainsi qu'il s'était construit ; finalement, il découvre qu'il peut, qu'il doit peut-être même, se construire autrement. 

Il y a cette meilleure amie, attachante, fidèle des fidèles, qui malgré un froid de 10 ans, revient pour le faire avancer. Sa fille, aussi, lucide, et forte. Et son imaginaire, qu'il avait mobilisé pour sa fille. Comme une faille dans le paysage aride et inhumain dont il avait constitué sa personnalité. 

Je reste un peu sur ma faim, quant à la fin... Mais, j'aurais pris plaisir à voir l'évolution de ce personnage, l'histoire est racontée efficacement.

Le titre est efficace aussi, il intrigue, il revet plusieurs sens. Quel est ce "temps égaré" pour Eric Meyer ? L'essentiel de sa vie active, où il s'est aveuglé pour avancer, ou ce moment de la prise de conscience soudaine, nécessaire, douloureuse ? Chacun sa réponse. :)

Médiathèque de Saint-Malo.

. Un temps égaré, Marie-Laure de Cazotte, éd. Albin Michel, 2014.

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... 502

14 Septembre 2017, 22:49pm

Publié par LaSourisJOne

"Le mépris est une catastrophe pour l'intelligence".

Marie-Laure de CAZOTTE

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Mercy, Mary, Patty :)

11 Septembre 2017, 22:00pm

Publié par LaSourisJOne

Roman.

Les livres de Lola Lafon (La petite communiste qui ne souriait jamais) laissent son lecteur sonné, abasourdi, comme après le passage d'une énorme vague. Alors, encore, avec celui-ci. Ils échappent à la classification traditionnelle, au 'J'aime, j'aime pas', plus que jamais hors de propos.

Parce qu'ils font réfléchir, ils entraînent, ils cueillent, ils dérangent. Celui-là n'échappe pas à la règle, sans doute pour des raisons un peu différentes. Certes, il y a le style, inégalé, unique, propre à elle. 

Mais il y a l'enchassement des voix ; ce vous, étrange de bout en bout, ce récit en poupées gigognes, pour dire l'analyse d'un fait-divers qui marqua l'année 1974 en Amérique. Essentiellement celui-là. L'enlèvement de Patricia Hearth. Les bandes sons, les articles de journaux, tout cela passé au crible irrationnel, sans cesse sur le fil, de la narratrice. Dont la voix se confond avec, une chose est sûre, c'est que toutes celles qui parlent ont été marquées par cette histoire hors norme de cette jeune fille de milliardaires, enlevées par un groupuscule d'extrême-gauche, dont le dessein est de venir en aide aux pauvres, à ceux que le milliardaire asservit, en tanguant toujours. Fuyant. Et pourtant marquant, marqué, prononcé. Une voix que l'on n'oublie pas. Le livre ne se résume pas, il enchasse, il interroge, il tient en haleine... 

En savez-vous assez sur Patty, alias Tania ? Non, sans doute pas, mais, le livre vous laisse cette part d'inassouvi que laissa sans doute la véritable histoire : on ne peut juger, on ne peut comprendre, on ne peut caractériser, ce serait si simple... Tania est tout à la fois celle qui se rebelle et choisit la cause des combattants que la jeune opprimée par ses parents et son fiancé, dont le pouvoir est l'argent. Et puis il y a les autres, esquissées, mais les autres, quand même, celles qui furent enlevées aussi plus loin dans le temps, et qui refusèrent de revenir dans le giron familial. Parce qu'elles trouvèrent un destin, un sens, une place, plus qu'en l'autre monde, celui où l'on se croit libres. Troublant. 

. Mercy, Mary, Patty, Lola Lafon, éd. Actes Sud, sept 2017.

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... 501

9 Septembre 2017, 12:24pm

Publié par LaSourisJOne

"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront".

René CHAR

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La femme au miroir :)

7 Septembre 2017, 22:06pm

Publié par LaSourisJOne

Roman.

Trois femmes. L'une à la Renaissance, l'autre au début du XXe siècle entre 1904 et 1920, et une autre aujourd'hui. 

La première fois que j'avais tenté de lire ce livre il y a quelques années, j'avais été rebutée par le style, l'écriture de cet auteur, et le livre m'était tombé des mains rapidement. Particulièrement gênant au début, parce que maladroit, peu habile, commun... Et puis, l'auteur se rôde, ou on l'oublie, cette fois en tout cas, je suis allée assez loin pour avoir envie de poursuivre l'histoire de ces trois destinées de femmes. Et finalement, je n'ai pas regretté. Je l'ai trouvé assez intéressant... Il y a cette Anne de Bruges, si différente des autres femmes et de ce qu'on attend d'elle, auréolée de son innocence tragique ; la seconde particulièrement attachante, avec sa collection de sulfures, mariée, désespérément (pour les autres) stérile, dont la vie va être éclairée par la psychanalyse naissante : particulièrement intéressant cette découverte de la psychanalyse au moment de sa genèse, car les réactions hostiles qu'elle a provoqué ont dû être celles-là ; et puis, cette pauvre star de cinéma, si belle, un peu à la Marilyn, forte et fragile à la fois, engluée dans les attentes des autres, et qui, petit à petit, difficilement, va s'extirper de cela, par défaut, en rejetant ce qu'elle ne veut plus et cherchant à tendre vers ce qui pourrait avoir un peu de sens...

Que ces trois destins se rejoignent n'était pas nécessaire, mais pourquoi pas ? Le bouquet est bien ficelé, et touchant, au bout du compte ; et cette fulgurante association d'époques autour d'un tilleul est finalement assez troublante, en soi. 

Pourquoi La femme au miroir ? Probablement parce que l'image de soi fausse la donne... Le reflet trouble la vue... A l'époque d'Anne de Bruges, le miroir était rare, la réalité était donc appréhendée différemment : on ne connaissait normalement pas son apparence physique ! On ne s'était peut-être jamais vu(e)s soi-même, troublant à imaginer... L'image, d'ailleurs, va être au coeur du drame de sa cousine, la mauvaise Ida, celle par qui tant de mal arrive... Histoire inversée pour la jeune femme contemporaine, l'actrice célèbre, l'excès d'images rend malade celle qui se mire dans les yeux des autres... Quant à la seconde, celle du milieu, elle collectionne faute de se comprendre, de petites bulles de verres qui contiennent la réalité ; la société est trompeuse, et c'est finalement la psychanalyse et la compréhension de soi qui lui permettra de s'épanouir et de vivre son chemin indépendamment des codes et des injonctions... 

. La femme au miroir, Eric-Emmanuel Schmitt, éd. Albin Michel, août 2011.

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... 500

5 Septembre 2017, 13:04pm

Publié par LaSourisJOne

"Pendant des siècles, les hommes ont été punis pour avoir désobéi. A Nuremberg, pour la première fois, des hommes ont été punis pour avoir obéi. Les répercussions de ce précédent commencent tout juste à se faire sentir".

Hannah ARENDT, 1967

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... 499

1 Septembre 2017, 18:59pm

Publié par LaSourisJOne

"As-tu jamais vu un oiseau posséder plusieurs nids ? Ou un renard repu surveiller une carcasse qu'il ne mangera pas ? Il n'y a pas de riches, chez les animaux, aucun n'entasse des biens surnuméraires, des fortunes dont il ne profite pas".

Eric-Emmanuel SCHMITT

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