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Le blog de la souris jaune

chemin de vie

Le professeur :)))

22 Mai 2022, 10:02am

Publié par LaSourisJOne

Roman.

Je sais que ce roman est présenté comme malhabile, "de jeunesse"...

C'est en effet le premier roman (même s'il est publié après sa mort en 1857) de Charlotte Bronté, qu'elle écrit avant Jane Eyre. Pourtant, j'ai éprouvé un profond plaisir à lire ce livre, sans doute du même ordre qu'en lisant le Delphine de Mme de Stael. J'ai beaucoup aimé suivre ces personnages à pas lents, tout près de leur psychologie, à travers des analyses de caractères denses. 

J'ai aimé aussi trouver les traces du 19e siècle dans cette oeuvre, "même" chez une auteure anglaise : ainsi le Romantisme s'exprime à plein ici : la nature n'est jamais en ce qu'elle exprime de l'homme n'est jamais très éloignée dans cet ouvrage ; les personnages ne manquent pas de lyrisme et d'exaltation des sentiments.

Le narrateur est donc un jeune homme anglais ayant perdu ses parents, et qui doit se débrouiller au monde avec ce handicap. En premier lieu pour gagner sa vie. Il commence par rompre ses attaches de famille encombrantes, ce qui n'est pas pour faciliter sa tâche, puis ira travailler chez un irascible et odieux frère aîné... C'est à Bruxelles que cette ultime rupture lui vaudra de poursuivre son chemin, encore une fois pour essayer de survivre en trouvant un emploi. Le hasard des événements finit par le faire professeur, dans un, puis deux pensionnats, de jeunes garçons puis de jeunes filles. Là, des rencontres... Le directeur du premier lieu, la directrice du second.. Une élève-professeure méritante... Des scènes, des tranches de narrations qu'on aime... Les balades au jardin... Une fenêtre obstruée qui nous rappelle des morceaux de Stendhal...

J'oublie un étrange ami anglais, étrange, vraiment, ambivalent, Hudsen, dont on ne saura finalement tout au long du roman s'il est bénéfique, machiavélique, manipulateur ou bienveillant... La force de la romancière sans doute résidera entre autre dans la conception d'un tel personnage complexe...

Quant à l'écriture de ce roman... Moi qui lis abondamment Jules Verne... Je dirais que Charlotte n'aurait pas à rougir de son écriture ! 

Une savoureuse découverte.

. Le Professeur, Charlotte Bronté, 1857.

 

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Les Jardins de Zagarand :)

8 Avril 2022, 11:04am

Publié par LaSourisJOne

Roman.

J'ai pris plaisir à lire ce livre même si je me suis essouflée vers la fin. 

Cela paraît très autobiographique, fait penser à des livres de développement personnel ou à L'homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle (en mieux écrit et en plus poétique !!). 

La découverte d'une micro-société vivant sur des terres "d'où l'on ne revient jamais", aux portes du désert, et selon de très nombreux rites qui rythment les vies de chacun.

Chaque jour, chaque acte est ainsi empli de symboles, d'altruisme, de partage et d'amour. Proche de la nature, et du sens. Chaque homme et femme fait quelque chose pour sa communauté et pour les générations futures, les poètes, écrivains ont une place sensée qui apporte à la communauté...

On se dit que ça fait envie, mais que ça pourrait enfermer, tout de même, puisque sa part de manoeuvre est très réduite.... Cependant, on ne peut pas tout avoir ?

En tout cas, le personnage principal et narrateur a perdu son fils et est dans une grande douleur. J'ai passé le premier chapitre car je ne me sentais pas capable de le lire. Et puis il rejoint sa soeur qui a choisi de quitter le monde occidental pour vivre à Zagarand, intrigué... Cette expérience va profondément le marquer.

Ses rencontres, ses découvertes, ce qu'il va recevoir...

C'est à méditer, à relire pour certaines choses...

C'est intéressant à lire pour le beau qui jalonne ce territoire, cette communion avec les choses qui ont du sens et qui donnent du sens à l'ensemble...

Une belle découverte que je dois à la bibliothèque de Lanvallay.

. Les jardins de Zagarand, Eric de Kermel, éd. Flammarion, 2021

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La maîtresse du commandant Castro :)))

29 Mars 2022, 21:21pm

Publié par LaSourisJOne

Roman.

Je n'ai pas souvenir d'avoir déjà lu cet auteur, même s'il ne m'était pas inconnu.

J'ai dévoré ce roman-là, dégoté par hasard chez un bouquiniste, et comme happée par une histoire tout à fait palpitante.

Le récit est celui d'une femme qu'on sait à l'âge de la vieillesse, même si on l'oublie vite, absorbés par le déroulement des faits. Elle n'a jamais raconté son histoire à personne, aussi se dit-elle : ou bien je pars avec mon secret et personne ne le saura, ou bien je le raconte une unique et ultime fois... Ce qu'elle fait, et c'est ce livre que nous lisons donc.

Nous rencontrons donc notre personnage enfant, alors qu'elle grandit à Cuba, née d'un père cubain et d'une mère française. Dans une famille riche. Avec des domestiques. Son amie, la fille du couple de domestiques.

Et puis, la révolution cubaine. Les engagements de certains... 

L'héroïne va s'engager, malgré son extraction sociale, aux côtés des révolutionnaires. Et rencontrer, à 17 ans... le gourou, Fidel Castro... Et puis... Toute sa vie va être construite à partir de ces faits-là. Entre tentative d'oubli et tentative de guérison... Un grand parcours de vie nous est livré là, émaillé de rencontres évidemment, de choix, de travail sur soi, beaucoup sur fond d'histoire cubaine.

Sachant que l'héroïne sera loin de vivre toute sa vie à Cuba, pour se construire, c'est ailleurs qu'elle doit être...

Tout à fait passionnant.

. La maîtresse du commandant Castro, Edouardo Manet, Robert Laffont 2009, Grands romans Points.

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La définition du bonheur

10 Mars 2022, 18:23pm

Publié par LaSourisJOne

Roman.

Ce livre est une nouveauté, et c'est un cadeau, deux raisons pour me réjouir. En outre, le titre était très prometteur, de même que l'auteure, que j'ai lu plusieurs fois. Je crois que je gardais de Catherine Cusset un bon souvenir, et je sais que j'en ai 2 dans ma bibliothèque. Aussi ce cadeau était vraiment à priori, un très bon choix.

Et pourtant... 

J'ai vraiment accroché au début, et puis de moins en moins, et jusqu'à finir par être ennuyée et même agacée par ce livre.

Je n'ai pas aimé l'écriture, je l'ai trouvée très inégale, assez plate et hachée.

Deux histoires qui s'entremèlent. 

Je ne sais pas si le livre est autobiographique, je suppose qu'il faudrait que j'aie plus de clémence, s'il l'était. Cela m'en inspirerait davantage, en tout cas, alors que cela ne devrait pas, n'est ce pas, finalement ?

En tout cas : histoires de femmes. Avec, au coeur de leurs vies parallèles (elles ne se connaissent pas au début), des problématiques importantes de femmes. Alors très bien. C'est intéressant. Des vies, le passage du temps. Et puis. Et puis quoi ? Bon, des liens qui se découvrent, je ne dirai pas ici pourquoi, pour ne rien divulgacher.

Ces personnages ne m'ont pas plu, en fin de compte. Sans savoir ce qui m'a le plus gêné. Finalement les "trous" dans leur biographie ne m'a pas convenu. Et a même gêné ma lecture. 

Cette histoire nous mène jusqu'à l'année dernière, si bien qu'elle arrive jusqu'au coronavirus qui s'invite dans l'histoire, je ne m'y attendais pas, c'est le premier roman que je lis qui lui donne une existence. Finalement, ce n'est pas au coeur de l'histoire, ça ajoute "juste" des contraintes à une histoire de vie, surtout si elle est autobiographique. Sinon... 

Je ne suis pas convaincue, et je pense que l'écriture y fait beaucoup, cela ne m'a vraiment pas emportée, alors même que les sujets pourraient être considérés comme "passionnés" et impliquants...

. La définition du bonheur, Catherine Cusset, Gallimard, 2021

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Le soleil des Scorta :)

3 Mars 2022, 20:25pm

Publié par LaSourisJOne

Roman.

Oua. Il décoiffe, il secoue, il remue, il pique, ce roman-là ! Evidemment, Laurent Gaudé. On peut compter sur cet auteur pour écrire des livres qui ne laissent pas indifférents. Je me souviens avoir adoré La Mort du roi Tsongor

Un sourire, pour celui-ci, sans doute parce qu'il était "trop"... Trop fort, trop remuant... Et en même temps, j'ai retrouvé avec le même plaisir de lecture le conteur Gaudé, qui nous emporte avec brio dans tous les méandres de ses histoires.

Là : comme un récit en étoile, à plusieurs branches, un récit où toutes les branches se mèlent en même temps, quelle capacité de structuration, quel souffle qui tient malgré tout ! Ca, c'est une bravoure. 

Il raconte une famille sur plusieurs générations, mais à sa manière unique ; non de façon chronologique, bel et bien via la voix de ceux qui parlent, ou de celles qui se disent, ou disent la famille aux portes de la mort, pour que tout ne soit pas perdu, oublié, enseveli... Beaucoup de messages à se répéter dans ce livre-là ; mais aussi une affirmation de la non permanence de la vie, comme une claque, avec laquelle on n'a pas forcément envie d'être confrontés ! 

En tout cas, l'Italie, le soleil de l'Italie, les olives, mais rien d'idyllique. L'arridité, le soleil qui tape, qui frappe, qui tue... Une famille déshéritée par un mécréant de père au seuil de sa mort... Alors comment vont-ils vivre et leurs descendants ? Comment se relever, comment avancer ? Toute l'histoire de la construction de son destin, ici, au coeur de cette histoire puissante. Rien de facile, rien de gagné, jamais, mais des moments de bonheur. Même si le destin n'épargne pas, il vient d'ailleurs cueillir ceux qui doivent partir comme dans un conte. 

Et ce qu'on conquiert fait qu'on ne regrette pas d'avoir vécu.

Merci à Samuel, qui me l'a mis entre les mains.

. Le soleil des Scorta, Laurent Gaudé, 2004, prix Goncourt 2004.

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Sombre dimanche :))

24 Janvier 2022, 08:36am

Publié par LaSourisJOne

Roman.

Je n'avais encore jamais lu cette auteure, ce livre me donne du coup envie de lire ses autres livres.

J'ai vraiment beaucoup aimé.

J'ai eu l'impression de retrouver un plaisir de lecture tant par l'histoire, que par l'ambiance et l'écriture. Je ne sais pas pourquoi, ce livre m'a fait penser à Bienvenue au Club, de Jonathan Coe, que j'avais lu et aimé il y a longtemps, sans doute pour la place souterraine mais essentielle que prend l'Histoire du pays dans les vies données à voir ; mais en plus slave et en plus "familial" !

L'histoire se passe en Hongrie. Une Hongrie balayée par le passage rapide des ans au cours du siècle, mais plus précisément depuis 1956 à 2003 environ. 

Le roman s'ouvre sur la souffrance du grand-père un 2 mai, jour anniversaire funeste, qu'il célèbre invariablement à sa manière, pour essayer d'enrayer la souffrance et en chantant "Sombre dimanche"... D'où le titre du livre.

Et puis autour de ce grand-père, on va découvrir le petit-fils (c'est de son point de vue que l'histoire se déroule, Imre), le père, la mère, la soeur... Leurs vies, et leur lieu de vie : ils vivent une maison comme un île à laquelle toutes les générations s'accrochent par tradition familiale parce que justement, elle représente tant à leur yeux pour cette raison mais qui pourrait ne rien avoir d'enviable : elle est serrée entre des rails, et les trains, leurs voyageurs et leurs déchets marquent le quotidien de cette famille.

J'ai beaucoup aimé la manière de dérouler la narration. 

Ce qui pourrait paraître insolite s'inscrit, s'insère dans l'histoire de la Hongrie avec douleur, comme une évidence. Le regard posé sur les personnages ne manque pas de tendresse, ni d'humour, même si souvent la souffrance qu'on imagine est grande, parce que le résultat d'un vrai drame profond.

Vraiment une lecture passionnante.

. Sombre dimanche, Alice Zeniter, éd. Albin Michel, 2013.

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Le désert des tartares :)

19 Janvier 2022, 13:53pm

Publié par LaSourisJOne

Roman.

Allez savoir pourquoi, ce contexte harassant m'a donné l'envie/le besoin de relire ce livre de 1940, traduit en 1949 en France, que j'avais lu et aimé il y a longtemps.

C'est l'histoire d'un homme qui attend que quelque chose se passe. Enfin, c'est l'histoire d'un jeune militaire qu'on voit tout au long de sa vie (de nombreuses années sont passées en accéléré, en ellipse) depuis sa vingtaine. Pour commencer sa carrière, il est nommé à un poste à la frontière en lisière d'un désert, au fort militaire Bastiani. Nous le voyons arriver à cheval, à l'issue d'un long voyage fatiguant, nourrissant plein d'espoir pour cette nouvelle aventure de vie... Il y arrive, s'y installe, cottoie ses collègues militaires, et... attend. Les militaires sont chargés de garder ce fort de la menace ennemie. Une menace ennemie espérée, redoutée mais surtout espérée, pour concrétiser quelque chose, finalement, mais qui n'arrive jamais depuis sans doute des décennies... Drogo attend, regarde, scrute, espère... Pas de Tartares à l'horizon... Arriveront-ils ? Aujourd'hui ? Demain ? Comment partir un jour, alors découragé car alors on se dit : j'ai attendu tout cela, et si je pars... Et si cela arrivait là ? Finalement, les années passent et... je ne peux pas vous en dire plus ! 

Fuite du temps, attente, absurdité, sens de l'existence... Avec une narration souvent extérieure et des apostrophes à Drogo, narration efficace pour ce récit de l'attente et du temps lent... 

J'ai apprécié cette relecture, même si ce n'est évidemment pas très gai !

. Le désert des tartares, Dino Buzzati, 1940 (Italie), 1949 (France).

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L'amant japonais

9 Janvier 2022, 08:43am

Publié par LaSourisJOne

Roman.

Ouuuuuuf. Ce petit mot d'attaque est dur et sans doute non mérité. Mais la lecture de ce livre m'a parue longue, longue (comme un jour sans pain ! dit le proverbe d'antan)... J'aurais aimé aimer ce livre, je crois, et peut-être mon ressenti est-il lié une fois encore au contexte... Une chose est sûre c'est que j'ai lu ce livre-là avec un grand détachement, il n'est pas parvenu à accaparer mon esprit.

Souvent l'âge est au coeur du récit, l'âge, et là, ainsi, cela ne m'a pas intéressée (moi qui aime tant les récits où une personne d'un certain âge est le héros ou l'héroïne). Je ne me suis pas attachée aux personnages sans comprendre pourquoi.

Le récit est très entrecoisé (trop ?).

C'est l'histoire d'Alma, qu'on rencontre à 80 ans dans une maison de retraite américaine. Elle a de l'argent. Elle parvient à garder un style de vie comme avant, avec échappées, liberté, autonomie... Elle prend une jeune assistante, Irina, qui l'aide dans sa paperasse, etc. Il y a sans doute un peu de similitude dans les deux destins de départ : Alma est arrivée aux Etats-Unis de Pologne, déracinée pendant la guerre, enfant, pour rester en vie. Irina d'extraction très pauvre vient elle aussi d'un pays d'où elle est arrivée enfant, et son destin familial est plus qu'horrible.

Il y a donc en second plan, l'histoire de reconstruction lente de cette jeune femme. Dommage peut-être qu'il soit tant en second plan ? Je ne sais.

Alma, donc : a grandi dans une famille aimante, chez un oncle, aux côtés de ses trois enfants. Elle devient vite complice du garçon, Nathaniel, ou plutôt elle en fait comme un grand frère protecteur... 

Dans ce foyer il y a aussi une famille japonaise, dont là encore on va suivre le terrible destin (j'ai découvert le sort atroce réservé aux Américains d'origine japonaise dans les années 45, au moment de la guerre avec les Japonais) ; ce sont les jardiniers de la demeure. Alma et le fils Ichimei, seront très proches, et amoureux, jusqu'à la fin de leurs jours. Seulement, ils ne s'épouseront pas... C'est cette hisoire, dont je n'ai pas aimé particulièrement le traitement, je crois... Bon, ce livre et moi, on s'est ratés !

Passer à autre chose.

. L'amant japonais, Isabel Allende, 2015.

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Delphine :)))

14 Novembre 2021, 18:12pm

Publié par LaSourisJOne

Roman épistolaire.

Je ne pensais pas lire entièrement ce livre de Mme de Stael, issu des siècles passés : je souhaitais juste en lire un peu, et tenter de comprendre s'il était possible, pourquoi ce livre avait valu à son auteure d'être exilée de Paris par Napoléon Bonaparte... J'avais voulu trouver ce qui pouvait bien avoir incité une telle décision en découvrant une auteure que l'Histoire n'a pas retenu prioritairement, quand on y pense.

Et en fait, je me suis fait prendre par l'histoire, l'ambiance, l'écriture.... Et au lieu de n'en lire que 50 pages j'ai dévoré les 850 pages de ce livre très dense ! Si je suis honnête même, je n'avais pas envie de laisser Delphine ! 

Bien sûr, je savais comment ce livre-là se terminait. Mais j'ai fini par vouloir savoir comment le personnage atteindrait ce choix... Là aussi pour comprendre, puisqu'il est là encore reproché à son auteure !

Il ne faut pas vous dire que tout se passe bien ici, évidemment : le sort s'acharne sur l'héroïne, donc...

Mais j'ai trouvé ça palpitant, et tellement riche d'analyses !

Il faut vous imaginer une société où tout le monde passe son temps à s'écrire de longues lettres (tiens, eh ben finalement rien n'a changé, tout le monde écrit toujours, sauf que de nos jours on écrit que de pauvres SMS ou d'insipides messages sur facebook, non ?!) : c'est ici le parti-pris, la narration avance par le biais de ces lettres. C'est donc un ressort de l'histoire, qui génère un vrai suspense et prend parfois une part tragique bien sûr, dans les épisodes de la vie, lorsque les lettres n'arrivent pas assez vite....

Mais... il faudrait de nombreuses pages pour parler de ce livre-là !

C'est donc l'histoire de Delphine, jeune femme de 20 ans, quand même - ici l'âge ne nous paraît pas celui d'une femme si jeune ; elle est belle, ne manque pas de succès en société, est veuve d'un mari de 25 ans son aîné, fruit d'une union de raison, comme toutes à l'époque. Elle fait le bien, elle est vertueuse, et tente d'arranger le mariage qu'elle pense parfait pour sa jeune cousine avec un certain Léonce. Elle le lui facilite, et la mère de cette cousine fait tout pour l'accepter, puisque Delphine lui offre une dot généreuse pour lui permettre de l'épouser. Or... plus on lui en parle... et le rencontrant enfin... ces deux-là tombent éperdument amoureux. A partir de là, les événements rivaliseront de malchance pour les séparer toujours... Les événements et la malveillance de certains, l'égoïsme d'autres... 

L'histoire se déroule sur deux ans et demi, entre 1790 et 1792, en pleine révolution française ; son auteure l'a publié en 1802... C'est passionnant de voir évoluer la société de l'époque ! 

Et donc, il y est question de divorce, un divorce qui fait débat, bien sûr, et qui commence à être autorisé dans certains pays d'Europe ; imminent en France... 

Question du mariage, bien entendu, et de la condition féminine... La femme, perdue par la réputation, mise à mal si facilement par les commérages du monde... Le personnage principal droit et vertueux défendra encore longtemps la position selon laquelle il n'est rien de pire que d'être mal mariée. 

C'est véritablement très intéressant !

Exalté, bien sûr, on n'oublie pas que cela préfigure le romantisme ; 

tout à fait passionnant.

. Delphine, Mme de Stael, 1802.

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Betty :))

4 Septembre 2021, 09:21am

Publié par LaSourisJOne

Roman.

J'étais bien partie pour donner 3 sourires à ce livre. Mais si finalement j'ai choisi d'en mettre deux, c'est que je me suis dit que je ne recommanderais pas ce livre à un ami sans explications, sans mises en garde. En effet, les 250 dernières pages (il y en a 700) sont tristes, oui, tristes, profondément tristes. Vraiment. Je ne peux sans doute pas vous expliquer pourquoi, mais elles peuvent être parfois insoutenables de tristesse, je trouve.

L'histoire nous est livrée du point de vue de Betty Carpenter, et cette voix qui nous confie son histoire familiale est à couper de souffle. Elle emporte. De la rencontre de ses deux parents jusqu'à la naissance de tous leurs (nombreux) enfants, leurs années d'enfance... Comment vous dire : c'est insouciant et à la fois terrible, poignant sans que ce soit larmoyant, une, des vies comme un souffle... 

Le père est évidemment extraordinaire, incontournable dans cette histoire : c'est lui, le cherokee, puisque je ne vous l'ai pas dit, Betty est le fruit de l'union d'une femme blanche avec cet homme aux racines cherokee ; elle n'est pas l'aînée, mais c'est elle qui physiquement, portera les stygmates de ses origines. Un véritable calvaire enfantin, déjà, pour cette fillette des années 60, confrontées à l'intolérance et le rejet primaire de tous dans ce petit village...

Au fil du roman, des extraits de la gazette locale nous rapportent la survenue de coups de feu mystérieux... Ils jalonnent le livre, ainsi que leur narration, et la réaction des habitants, qui en lit long encore sur leur personnalité...

La poésie du père est extraordinaire. Il donne sens, illumine chaque détail du quotidien. C'est extraordinaire. Proche de la nature par sa culture, il soigne les habitants par ses décoctions, etc. C'est un magnifique personnage.

Pas d'illusions dans ce livre quant à la cruelle condition d'une fille ; accrochez-vous, le réel mord souvent. Le destin frappe fort, aussi.

Cependant, on suit avec un profond intéret la vie de cette famille simple, ce couple et leurs enfants. Handicap, fêlures, aspirations, déviances... C'est très très fort, difficile de quitter cette famille. Et pourtant... c'est un chant de Betty, ça ressemble à l'ôde d'amour d'une enfant qui a bien grandi et s'apprête à vivre sa vie... C'est vraiment, vraiment époustouflant, mais je vous préviens, extrêmement triste, quand même.

Merci à Nolwenn à qui je dois cette lecture.

. Betty, Tiffany McDaniel, éd. Gallmeister, rentrée 2020.

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