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"L'indiscrétion est l'essence même de la biographie".
Hanif KUREISHI
Balade d'une dévoreuse de livres
"L'indiscrétion est l'essence même de la biographie".
Hanif KUREISHI
"Les mots sont le pont vers la réalité ; sans eux, tout n'est que chaos. De mauvais mots peuvent vous empoisonner et détruire toute votre vie, et les bons mots peuvent recadrer la réalité. La folie de l'écriture est l'antidote à la vraie folie".
Hanif KUREISHI
"Je marchais, je respirais, je souriais, mais si l'on m'avait vraiment observée de près, on se serait aperçu que mes pas, mon souffle, mon sourire lui-même étaient ralentis, décalés. J'aspirais à l'immobilité. Comme quelqu'un qui guette la surface grise de la mer, ses vagues régulières et opaques, connaît la violence cachée dessous, la cruauté sourdant des profondeurs, et surtout bouge le moins possible, de crainte de les déchaîner".
Aline KINER
Depuis le temps que j'entendais parler de ce 'Pierre et Jean'. Même dans La dernière Grande Librairie avant l'été, c'était un des livres recommandé pour ses lectures d'été. Alors, ça y est, j'ai comblé ma lacune !
Alors il s'agit de deux frères, aussi différents qu'il est possible. Jusqu'à leur aspect physique, puisque Jean est aussi blond que Pierre est brun... Deux frères, dont j'avais toujours entendu dire qu'ils s'aimaient et qu'un héritage vient déchirer. Mais il n'en est rien ! Ces deux-là ne s'aiment pas, et n'ont aucune sympathie dès le départ l'un pour l'autre ! Puis l'héritage... Eh bien non, ce n'est pas l'héritage, qui fait tout chambouler ; c'est plutôt la faiblesse de la mère qui n'assume rien ! Elle est détestable de faiblesse, et on a bien du mal à la comprendre à et l'aimer. Oh, pauvre chérie qui n'a pas de chance et qui a épousé un sot ! Oh, elle ne put que tromper son mari. Et c'est elle, qui se confie à Jean, mais n'ose rien dire à Pierre (son fils et celui du mari), qui se ronge de douleur, et qu'elle laisse se ronger de douleur, et de doute... C'est lui qui finit par trouver par sa solution et partir.
Evidemment, c'est du Maupassant, alors forcément, l'écriture, les tableaux qu'il fait naître sous sa plume sont savoureux... Savoureux de vieillerie, de ruralité, d'un autre temps. Je n'ai pas aimé du tout ces personnages, les codes bourgeois qui constituent leur univers ; cela dit, j'imagine que cela constitue un témoignage historique et littéraire d'une certaine époque !
. Pierre et Jean, Guy de Maupassant, Le Livre de Poche. 1887.
"Il semble que le malheur, dont le choc nous a seulement heurté la veille, se soit glissé, durant notre repos, dans notre chair elle-même, qu'il meurtrit et fatigue comme une fièvre".
Guy de MAUPASSANT
La force de la nature, et de la terre : c'est ce que je retiens de ce que je connais de la littérature nordique. Ici, encore. Il y a les forces à l'état brut, et l'on n'a pas oublié que l'homme n'est qu'une petite parcelle dans un grand tout. Mais bref. Ici, c'est donc la lettre d'un vieillard, 90 ans, à Helga. Une femme pour laquelle il a ressenti un puissant appel sexuel, sensuel, chtonien... Il écrit à cette femme, et son récit ne manque pas d'humour, de sincérité ; il lui écrit combien elle a marqué sa vie, tant par sa présence distante que dans l'absence, véritablement - et bien que marié - obsédé par elle, par ses formes pleines surtout. C'est en cela que c'est un récit du corps, bien plus que de l'esprit. L'amour ici est une puissante vague bien plus qu'un état d'âme. A ses aveux, il mèle ses souvenirs de fermier d'Islande, mais aussi de nombreuses références littéraires, orales ou écrites, et l'on découvre une terre où l'écrit, le récit, fait partie d'un quotidien (il est vrai que l'écriveur se souvient d'une époque aux alentours de 1945)... Il est aussi un formidable plaidoyer pour le respect de soi : au nom de l'amour, ou du désir, on ne peut renoncer à soi et à ses valeurs... Et c'est ce qu'il explique également longuement à Helga, la raison pour laquelle il n'est pas parti avec elle en ville, tout simplement parce que la ville l'aurait tué, émoussé, toute son âme étant à la campagne. Il y a ces raisons conscientes ; et puis il y a sans doute aussi l'inconscient, qui là encore n'est pas occulté : ainsi, il sent aussi que s'il n'est pas parti, même au prix de souffrances, c'est aussi parce que cela lui permettait de rêver l'objet de son désir... Et c'est à la fin de la lettre que par une pirouette, on découvre que la destinataire de la lettre ne la lira jamais, ultime pirouette du narrateur : Helga n'est plus... Pour autant, on a aimé (sans excès !) les confessions de ce vieux fou, qui ne mégottent pas sur le langage, et parle franc, tout autant que poétique.
La lettre à Helga, Bergsveinn Birgisson, littérature étrangère. Islande : 2010 ; éd. Zulma, 2013.
"Si l'on vante les mérites du poste récepteur et des bulletins météo, le fait est bel et bien qu'on ne se rappelle rien ou presque de ce qui sort de l'appareil. En revanche, les lectures édifiantes à la maisonnée restent gravées dans la mémoire, de même que l'expression du lecteur, le timbre de sa voix".
Bergsveinn BIRGISSON
"C'est quand les gens tournent le dos à leur histoire qu'ils deviennent tout petits".
Bergsveinn BIRGISSON
Quitter la campagne où mes ancêtres ont vécu depuis un millénaire ? Pour travailler dans une ville où l'on ne voir jamais l'aboutissement du travail de ses mains, en métayer ou serf des autres ? Là où les gens disent que le temps, c'est de l'argent et dépensent au théâtre et autres divertissements les sommes qu'ils ont gagnées en costume tergal dans leur bureau... Loin des lieux où chaque monticule, chaque creux, a une histoire à raconter..."
Bergsveinn BIRGISSON
"Les sociétés humaines sont comme les pommes : plus elle sont grosses, moins elles ont de goût !".
Bergsveinn BIRGISSON