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Le blog de la souris jaune

Traité culinaire à l'usage des femmes tristes :))

30 Septembre 2012, 20:58pm

Publié par la souris jaune

35045697_8023756-1-.jpgJ'adore ce livre. Et il n'est pas réservé aux femmes tristes, loin de là !

L'ayant emprunté par hasard, interpellée par son aspect et le titre bien sûr, je me suis amusée à ne pas regarder à quelle époque ce livre avait été écrit, trouvant très amusant de me dire qu'il pouvait l'avoir été il y a des siècles ! Quelques indices nous aident un peu à savoir finalement que c'est bien au XXème siècle qu'il a été écrit, par un homme, né après 1948, et finalement plus moderne que l'écriture pourrait le laisser croire ! On y butine un tas de conseils, écrits sur le modèle de la recette, assortis à des recommandations culinaires, des plus simples aux plus improbables...

On y apprendra ainsi comment se débarrasser de sa culpabilité (ou pas, vu la difficulté constitutive du mets !), les propriétés hilarantes de la viande de mamouth, mais aussi de petits remèdes pour se réconforter en cas de deuil, comment se débarrasser d'un opportun envahissant, ceux pour effacer ou adoucir la colère ressentie à l'égard d'un type odieux qu'on voudrait oublier, la simplicité revigorante d'une tranche de pain qui fait prendre conscience de l'essentiel, ou encore les plats qu'il faut manger lorsqu'on veut se souvenir...

Le tout empreint d'une sagesse et d'une philosophie pragmatique et malicieuse, bienveillante à l'égard de la femme en général, à qui le narrateur s'est mis en tête de donner des conseils... "Je ne voudrais pas être autre chose que cela, un brave apothicaire, un potard, un pharmacien, le détenteur des recettes qui vont parfumer ta fantaisie".

C'est très jouissif, et souvent très drôle !

 

. Traité culinaire à l'usage des femmes tristes, Héctor Abad Faciolince, Traduit de l'espagnol (1997). Ed. JC. Lattès, Novembre 2010.

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...165

30 Septembre 2012, 13:25pm

Publié par la souris jaune

"si tu tombes sur quelqu'un de supportable (c'est déjà beaucoup) qui de son côté soit aussi capable de te supporter (une telle coïncidence est déjà suspecte), si par moments non seulement tu le supportes, mais tu l'aimerais plus près de toi, s'il vient à te manquer quand il est très en retard et si à sa vue ta joie renaît, ne crains pas, alors, de te soumettre à cette promiscuité désolante qu'est la vie commune : il est possible que tu finisses aussi par la supporter".

Héctor Abad FACIOLINCE

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...164

29 Septembre 2012, 12:32pm

Publié par la souris jaune

"On ne garde pas souvenance des nuits de sommeil. Il en va de même de l'amour : le plus inoubliable est celui qui n'a jamais été".

Héctor Abad FACIOLINCE

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...163

29 Septembre 2012, 12:23pm

Publié par la souris jaune

"Si tu veux que d'autres lèvres te soient acquises, entrouvre aussi les tiennes". !!

Héctor Abad FACIOLINCE

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...162

29 Septembre 2012, 12:14pm

Publié par la souris jaune

"Vis ta tristesse, pétris-la, effeuille-la dans tes yeux, trempe-la dans tes larmes, enveloppe-la de cris ou de silence, enfonce-là dans les pores de ta peau. Car c'est en renonçant à toute défense qu'il t'arrivera peut-être de courir, parfois, vers un lieu qui ne sera pas au coeur de ta douleur intime".

Héctor Abad FACIOLINCE

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Le double

27 Septembre 2012, 13:14pm

Publié par la souris jaune

26829-gf-1-.jpgJ'aime particulièrement certains auteurs russes (dont Gogol), mais je connaissais mal Dostoïevski. Etait-ce une judicieuse idée de commencer par ce deuxième récit du grand auteur de "Crime et Chatiment" ? Peut-être pas... En tout cas, même si j'ai aimé ici certains traits de l'âme russe de cette période de l'Histoire (XIXème), on peut dire que je reste assez circonspecte après la lecture de ce livre... Livre dont les 40 dernières pages m'ont, qui plus est, demandé une force d'âme des plus grandes (si), me disant, comme à l'issue d'une course à pied de longue distance : allez, plus que quelques pages et tu as fini !! Et je confesse que si j'ai fini par franchir la ligne d'arrivée, ce n'est pas sans détester ce M. Goldiakine et ce double qui ont fini par me sortir par les yeux.

C'est vrai que ce livre laisse beaucoup d'interrogations : ce Goldiakine est-il fou ? Le devient-il ? Si oui, à quel moment ? On ne peut que se dire que c'est une option du livre. Que marqué par une succession d'échecs sociaux, voire des humiliations, ainsi qu'un manque de reconnaissance professionnelle, Goldiakine y laisse une partie de sa raison. Il génère ainsi une vision d'un double lui-même, qu'il peut détester à l'envi.

On se dit que les rapports sociaux, les rapports hiérarchiques aliénants ont certainement leur sens dans tout ça ; d'autant qu'on ne peut occulter l'arrière-plan russe... L'auteur veut-il dire qu'ils sont autodestructeurs ? Peut-être.

Une autre interrogation persiste encore : la place de l'Allemagne dans tout ça. Voulait-il imaginer une certaine hostilité, défiance, un certain péril ressenti à l'encontre d'une menace allemande ? En tout cas, l'Allemande du livre est un personnage que l'auteur déteste semble-t-il, et on ne peut oublier que la fin du livre se termine là... Sur l'arrivée du héros dans un ailleurs "allemand" : enfer ou paradis ? Mort ou libération ?

Je ne dis pas que je ne tenterai pas d'autres livres de Dostoïevski (voila Jérôme rassuré :), mais comme avant de passer à une autre course à pied surtout si elle a été éprouvante... j'attendrai un peu !

 

. Le double, Dostoïevski, éd. Actes Sud, Babel. 1998. Date de parution originale : 1846.

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Je vais mourir cette nuit :)

25 Septembre 2012, 23:30pm

Publié par la souris jaune

IMG47da5c0c1da4a-je-vais-mourrir-cette-nuit-1-.jpgJe sais, et cette fois c'est sciemment (allusion à Alabama Song !), que j'ai déjà lu ce livre, que j'avais adoré il y a déjà quelques années, mais me disant que je le relirais pour en faire une vraie chronique. Tout juste l'avais-je mis sur ce blog pour ne pas l'oublier. Il était encore assez présent, dans ses grandes lignes, dans ma mémoire, comment pouvait-il en être autrement, avec un livre qui a un tel titre, et qui commence par "je me suis suicidé il y a seize ans". Evidemment, cette phrase est de celles qu'on n'oublie pas, et qui captive, capture, dès le départ. Il en sera de même pour tout le livre. Même si dire que celui-ci atteint des sommets de noirceur et de machiavélisme est un euphémisme, dans ce cas précis. Car on atteint vraisemblablement des paroxisme de manipulation rarement égalés à mon sens dans le domaine de la littérature.

J'ai été encore une fois cueillie par la structure de ce roman. Par la maîtrise de l'intrigue narrative, qui coule, et se déroule, digne d'un virtuose, d'elle-même.

Qu'en dire pour ne pas la déflorer ? Qu'évidemment on est entrainé dès le départ par une confession, une apostrophe à quelqu'un qui l'adresse 16 ans plus tôt... Un cheminement machiavélique, ourdi par la vengeance, seul rouage imaginable pour maintenir en vie le protagoniste... On est avec le destinataire de l'apostrophe du début jusqu'à la fin. Et évidemment avec le locuteur, puisque celui-ci dit "vous", et que ça nous rapproche. Machination, Elaboration d'un scénario qui joue avec la faiblesse de l'autre, et l'ensemble va titiller les aspects les plus fragiles et les plus sensibles de l'humain : l'humiliation, la sensibilité, la fragilité ; jouer aussi avec ses basses pulsions, celles auxquelles il se raccroche, en désespoir de cause ; tout est testé pour entrainer un être au paroxisme de la folie, la souffrance, l'autodestruction... tout est perverti dans ce livre, mais on n'est pas dupé, les clés sont fournies d'avance, puisque l'on sait que comme le livre est l'illustration d'une vengeance extrême, rien, rien, ne sera épargné... Destruction, auto-destruction, mutilation, vol des sentiments purs, vols des personnages ressources, il ne restera rien à la personne victime qui a eu le malheur d'exercer son métier et de mettre sa victime-bourreau sous les verrous... Rien ne résiste au rouleau compresseur de la vengeance. C'est un récit extrêmement bien mené, sous la forme d'une lettre qui bien que machiavélique, est extrêmement bien pensée.

On ne peut que saluer la prouesse de l'écrivain, Fernando Marias, auteur espagnol qui écrivit ce livre en 1996. Ce texte est un texte qui ne s'oublie pas...

 

. Je vais mourir cette nuit, Fernando Marias, éd. Cénomane, 1996 ; 2007 pour la traduction française.

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Vida

21 Septembre 2012, 13:14pm

Publié par la souris jaune

9782843376627-1-.jpgEtrange comme ce livre nous échappe... Il s'en dégage en outre un sentiment de résignation, une espèce de renoncement, une certaine mélancolie. On se trompe si l'on croit comprendre assez vite ce qu'il est, dès le départ : ça semble assez simple, pourtant, on est dans la tête d'une jeune fille qui a d'abord 14 ans, d'origine colombienne, et les chapitres se succèdent, centrés sur un personnage différent à chaque fois. Le récit n'est pas linéaire : aussi, on ne suivra pas la jeune femme de 14 à 24 ans... Leur succession répondent à une géographie personnelle du personnage. Aussi, on croise des personnages qui ont sans doute marqué le destin de la jeune fille. Des destins brisés, comme celui de Lucho, ce jeune homme qu'elle aimait sans doute à 14 ans, et que la vie lui rafle, et on pressent que déjà, cet événement dans sa vie en est un premier qui laissera sa marque indélébile dans ce qu'elle est. Ce livre c'est ça. Vida ?

C'est une femme rencontrée par la narratrice, dont le destin de femme correspond à un certain paroxisme. Sans doute, il représente, caractérise, symbolise ce que peut être de pire le destin d'une colombienne aux US. Même si celle-ci se sauve... Elle ne fait que passer dans ce roman, loin d'être un personnage central, et ça surprend un peu...

Il y a de jolies choses dans ce roman, comme le personnage de la mère, esquissé mais touchant, notamment dans l'avion qui éloigne la famille de Bogota pour la ramener en des terres d'exil...

Un livre qui parle sans doute, si l'on tente de résumer, du destin de la communauté colombienne émigrée aux Etats-Unis. Il y a ceux qui parviennent à s'en sortir, et ceux qui périclitent... Et l'enfance, même si elle peut être rose, n'y change rien...

 

. Vida, Patricia Engel, éd. Anne Carrière, 2010.

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Reflets dans un oeil d'homme :))

10 Septembre 2012, 22:26pm

Publié par la souris jaune

Reflets-dans-un-oeil-d-homme-Huston-1-.jpgC'est le titre du livre de Nancy Huston qui m'a donné envie d'y regarder de plus près. Dès que j'ai eu commencé ce livre, je ne l'ai plus lâché, véritablement happée par le propos, l'aisance du style, l'ironie qui y couve, la colère retenue...

C'est un livre puissant, une réflexion extrêmement intéressante sur la condition féminine. On en a pourtant écrit tant ! J'ai été captivée autant par ses raisonnements (un peu moins par ceux sur la prostitution, j'en conviens), autant que par l'alternance avec ses confessions, confidences personnelles, confiées avec un beau raffinement. Elle évoque ainsi un grand nombre de destins de femmes qui ont marqué le XXème siècle, qui tendent à illustrer ses propos. Elle y mèle avec pudeur quelques éléments biographiques, avec une belle distanciation grâce à l'utilisation du "vous" pour se désigner elle-même...

J'ai trouvé très intéressant et bouleversant son analyse du dédoublement implicite imposé aux femmes, condamnées à se percevoir d'abord en tant qu'images (quand ce n'est pas le cas des hommes). Très intéressant encore son analyse du rôle de la photographie dans tout ça.

J'ai aimé le poids qu'elle reconnaît à ces petites phrases, ou gestes, "actes de violences ordinaires", atteintes à sa féminité ordinaires, dans la rue, banalisés par la société et ceux qui la font, comme autant d'actes traumatisants pour la femme -même si elle ne peut pas le revendiquer.

Elle ne recule pas devant un peu de provocation, revendiquant avec raison que ce ne sont pas ses réflexions, qui sont provocantes, dans une société marquée par une "idéologie unisexe" alinéante...

J'ai aimé sa vision appaisante des couples d'âges mûrs dansant dans les jardins de la Citadelle, par opposition à la frénésie des jeux avec la mort et le risque en boîtes de nuit...

J'ai aimé aussi ce qu'elle dénonce des nouveaux manuels scolaires (2011) selon lesquels il n'y aurait pas de genres, mais bien des individus qui se choisiraient eux-mêmes, hommes ou femmes...

C'est assez bouleversant de finesse... Et ce livre même si l'on sent sa passion et ses excès, devrait tomber entre toutes les mains, parce qu'il interpelle vraiment...

 

. Reflets dans un oeil d'homme, Nancy Huston, éd. Actes Sud, mai 2012.

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...161

9 Septembre 2012, 22:26pm

Publié par la souris jaune

"D'un côté, le corps féminin s'est largement émancipé de ses anciennes servitudes, qu'elles soient sexuelles, procréatrices ou vestimentaires ; de l'autre, le voila soumis à des contraintes esthétiques plus régulières, plus impératives, plus anxiogènes qu'autrefois".

Gilles LIPOVETSKY

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