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"Il faut beaucoup de chance et d'intégrité pour survivre au don d'une beauté parfaite dont le caractère éphémère est la trahison la plus sournoise".
Pat CONROY
Balade d'une dévoreuse de livres
"Il faut beaucoup de chance et d'intégrité pour survivre au don d'une beauté parfaite dont le caractère éphémère est la trahison la plus sournoise".
Pat CONROY
"Tout est comme ça, la moitié des choses que l'on croit vraies sont inventées par d'autres et parfois par soi-même... Surtout par soi-même d'ailleurs..."
Eric REINHARDT
"C'est en désacralisant la vie, c'est en se déclassant soi-même dans la représentation qu'on peut s'en faire (au lieu de sanctifier la réalité et d'en attendre des événements qui en seraient l'écho sacré), c'est en envisageant l'existence comme un lieu de hasards, d'efforts, d'accidents, de volontés, de transactions, de compromis, de trahisons ou de rapports de force - c'est alors qu'on peut décider de ne plus différer et de se mettre à vivre, de se jeter avec les autres dans la fosse aux lions et de s'y battre".
Eric REINHARDT
"Tous ceux qui rêvent leur vie adorent la voir iradier dans leur mental comme un absolu".
Eric REINHARDT
"Il ne faut pas voir la vie plus sombrement qu'une promenade qui n'est plus rien quand elle s'achève et qui fut pourtant un réel enchaînement de merveilles".
Claudie HUNZINGER
"L'amour de sa mère pour elle avait sans doute été l'étoffe superbe, épaisse et lourde, très solide et à la fois ajourée comme une grosse dentelle noire, dont elle l'avait revêtue pour toujours".
Claudie HUNZINGER
J'aime bien ce livre. On y est bien. Je me
réjouis d'ailleurs de savoir qu'il existe une suite, autrement dit un tome 2 !
Evidemment, c'est un conte ou ça en a tout l'air, et il faut laisser son scepticisme dans sa poche avant d'aborder cette extraordinaire histoire de Fatima Monsour... Soeur de Rachida, originaire de Djerba, analphabète, un peu enveloppée, promue "bonne" de la contesse Merveil du Roc à Paris, au décès malencontreux et prématuré de sa soeur Rachida. Elle se soumet donc à son destin. Ca tombe bien : son mari Mamoud l'a quittée pour une autre et est parti vivre aux Etats-Unis, dans le Wisconsin... Tout ce qui arrive à Fatima est pris avec une certaine philosophie mêlée de fatalisme : c'est ainsi que cela devait arriver ! Bref : la jeune femme, pleine de bonnes intentions, débarque donc dans cet univers différent, "où les immeubles ne sont jamais qu'un village vertical" ; et on va découvrir la vie d'un quartier à travers son regard candide et bienveillant. Avec une rapidité déconcertante (sur laquelle là aussi, il faudra fermer les yeux ! :), elle va se tisser un réseau d'amis impressionnant...
J'aime, même s'il peut paraître désuet, le parti-pris des auteurs (eh oui, ils sont deux), de revisiter les cafés comme des lieux de vie où on prend le temps, où les cafés font vraiment partie d'un quotidien collectif et partagé, où l'on accepte de faire partie du même espace, loin de ces confinements d'aujourd'hui (oups, je dérape...) ; ils y redonnent une vraie place au convival, au tous ensemble. Tout le livre, à l'instar du 34 de l'avenue Victor Hugo, regorge de personnages hauts en couleurs, une vaste galerie de portraits ; on aime la langue fleurie et l'espèce d'humour contenu, sousjacent au livre.
. L'extraordinaire histoire de Fatima Monsour, Joanne et Gerry Dryansky. Paru Avril 2010
"Tous les grands "pourquoi" restaient sans réponse en ce monde, et l'on pouvait gâcher sa vie à demander quand même".
Joanne et Gerry DRYANSKY
Je ne suis pas tombée sous le charme de ce
livre-là comme j'aurais pu m'y attendre. Même s'il m'a séduite au départ... Je n'ai pas véritablement goûté ou ressenti les plats du jeune Tamoul Maravan ; je crois qu'ils étaient trop
"chimiques" pour moi, pas assez charnels... Trop "moléculaires" à mon goût. J'avais beau tenter de m'imaginer chaque ingrédient (sachant que beaucoup me restaient obscurs le ghee par exemple,
constitutif de certains de ses plats), et visualiser l'aspect final, je ne m'en suis guère délectée... "Minis chappatis à l'essence de feuilles de curry", ça vous parle, vous ?).
Pourtant, on voit bien que ce garçon (le cuisinier) est très, très doué, très talentueux, et très créatif, ça oui, lorsqu'il élabore des formes et des fumets alambiqués... Surtout qu'ils sont
souvent des réminiscences "remastorisées" des plats que sa grand-tante lui apprenait. Mais trop formels pour moi, donc.
Je n'ai pas particulièrement aimé non plus l'imbrication de l'Histoire dans la petite histoire, même si on retrouve l'idée "qu'un battement d'aile de papillon" à un endroit peut entrainer un cataclysme ailleurs, par le phénomène des réactions en chaîne, ; un questionnement sur les conséquences de ses actes que je trouve intéressant. Donc, les épisodes où l'on retrouve les "pontifes" suisses qui manipulent le monde, au restaurant par exemple, m'ont ennuyée. J'ai aimé par contre la différence de culture jouant sur les points de vue et sur la façon de considérer les choses ; comment on est victime, prisonnier de sa culture... jusqu'au moment ultime (rare ?) où on transgresse et où on secoue le joug... Le personnage de Maravan est attachant, même s'il peut sembler tout à la fois agaçant (mais tellement empreint de sa culture, même vivant en Suisse)... Intéressante aussi, la réflexion pragmatique, selon laquelle... finalement, il faut bien vivre, loin de chez soi, et donc plier aux règles que celle-ci imposerait, si l'on veut survivre, dans un autre milieu, monde...
. Le cuisinier, Martin Suter, Christian Bourgois éditeur, mai 2010.
On ne
sait rien de cette femme qu'on découvre alors qu'elle meurt, dans les premières lignes de ce roman. Zita, écrivain à la vie sulfureuse, habituée des gros titres de journaux, retrouvée morte dans
sa voiture, enrubannée dans son manteau de fourrure de vison blanc. Avec un portable sur elle, et quelques numéros mémorisés, "connasse 1", "connasse 2"... Tout est jeté. Et ça donne déjà
cruellement envie de comprendre, et d'en savoir plus...
Petit à petit, on entrera dans la vie palpitante de cette Zita Chalitzine, livrée par elle-même, par le biais d'un texte (posthume) donc, que découvre, et lit, son mari, de 20 ans son cadet. Et plus le récit avance, plus cette femme qui au départ nous paraît rêche et superficielle, nous touche, nous émeut, tant on découvre une femme courageuse, meurtrie, obstinée, secrète, solitaire... Car c'est bien ça, la tragédie de sa vie. La femme fière tend rarement la main...
Pourtant, elle débordera d'amour... Pour cet homme, le formidable ami de toujours, qu'elle aimera trop tard, alors qu'il meurt... Pour sa fille, elle qui se sent pourtant si maladroite d'avoir une fille, et qui pourtant fera tous ses choix de vie pour elle... Elle, l'ex prostituée de Madame Claude, marquée par l'opprobe, les cancans, les jalousies des sociétés conformistes. Là où la mondanité prend tant de place, qu'elle peut détruire ou façonner un destin.
C'est un très très beau livre, qui trace le destin d'une femme forte et digne, évoquant celui des grandes dames, incomprises de ce siècle.
Je trouve que malgré ses... 571 pages, le livre est très fluide, il se lit avec avidité. Habilement structuré, puisqu'il imbrique les récits, dialogues sans jamais lasser.
"Ecrire, c'est se prostituer. Les métaphores : la lingerie fine. Les descriptions : le lubrifiant. Les aphorismes : les gâteries. Le tout pour 18 euros, avouez que ce n'est pas cher payé si la passe était bonne. L'écrivain est une prostituée, un objet de curiosité dont on se moque et que l'on craint. A la différence près que l'auteur, c'est dans les allées des salons du livre qu'il fait le tapin".