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Le blog de la souris jaune

Sukkwan Island

3 Août 2013, 15:37pm

Publié par LaSourisJOne

Sukkwan Island

... Bon, par quoi commencer ? Que dire de ce livre ?

Allez, tout à trac : j'ai détesté ce livre. Détesté à chaque phrase, de page en page ; à peu près autant que si l'on me forçait à manger un énorme gâteau à la crème non stop pendant dix jours d'affilée, ou de faire entrer un clou rouillé dans ma carcasse... Si. Ce livre m'a profondément heurtée, dérangée. J'ai ressenti une profonde colère à l'égard de ce père...

Bon, explications : c'est l'histoire d'un père et de son fils (13 ans), qui partent vivre un an sur une toute petite île, en Alaska (l'auteur lui-même est originaire d'Alaska). C'est le choix du père, évidemment. Ils laissent donc femme et fille pour s'installer seuls, loin de tout. Avec la maestria qui le caractérise, David Vann nous montre avec brio la spirale qui entraîne les deux protagonistes, dans une solitude rude et aride. S'affairant à construire des conditions de survie (nourriture, abri...). Juste parce que c'est la lubie du père, et qu'il y entraine son fils, qui n'ose abdiquer, et pour ne pas abandonner son père. On souffre le martyre, et c'est plus qu'habilement tissé, de voir ainsi le duo fonctionner, ou plutôt dysfonctionner, d'ailleurs, en ce qui concerne le père... On s'offusque devant tant d'égoïsme de l'adulte, qui s'abandonne à l'adolescent, qu'il devrait protéger et que finalement il détruit...

Vision noire, plus que noire même de l'humanité, on n'en est pas étonnés. Pour avoir rencontré David Vann et l'avoir écouté parler de son oeuvre, je sais à quel point il est marqué par une lourde histoire familiale ; je sais aussi qu'il aime à explorer les liens d'attachement, qui emprisonnent et détruisent alors même que ce sont les personnes qui comptent le plus pour soi, et son travail et sa réflexion sur ce point sont fascinants.

Merci Barbara, malgré tout, de m'avoir prêté ce livre, que je voulais lire !

J'avais lu Désolations, qui exploraient les relations de façon tout aussi sombre au sein d'un couple, et je l'avais énormément aimé ; Impurs, son dernier livre, met au coeur du récit un fils, et sa mère. Il est décidément bien difficile de ressortir indemnes des livres de David Vann !

Curieux ? Allez voir l'article du Monde, David Vann, "J'ai grandi dans une famille de menteurs".

. Sukkwan Island, David Vann, éd. Galmeister, 2010.

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