:( :) Disgrâce
Bof. L'auteur, Coetzee, est prix Nobel de Littérature 2003. Je dois dire que je ne comprends pas vraiment pourquoi. En même temps, c'est traduit de l'anglais (Afrique du Sud), alors il reste un espoir côté style... ?
C'est un parcours initiatique. Le personnage principal David Lurie vit sa vie d'universitaire-chercheur sans trop se poser de question, prépare une monographie sur Byron. Abuse de son statut de professeur pour puiser dans sa réserve d'étudiantes et en faire des conquêtes très passagères, lui l'homme divorcé, père d'une jeune femme lesbienne. Jusqu'au jour où une aventure avec une très jeune femme tourne mal : l'affaire est révélée, il passe en conseil de discipline, récolte l'opprobe de ses pairs, perd son emploi. Il tombe en disgrâce. Va se réfugier chez sa fille, auprès de laquelle il découvre un autre univers, une autre vie : la campagne, en Afrique, le danger, l'incertitude des jours... Combinés à une vieillesse rampante. C'est peut-être l'intérêt du livre : découvrir ce sourd changement, cette modification de soi malgré soi, à son insu, qui fait basculer d'homme tout puissant à un statut de faible, décharné... Quelle place pour les désirs ? Quelle légitimité à ses désirs, qui ne changent pas, et qui deviennent pourtant monstrueux, lorsque le vieux se met à aimer la très jeune ? Parallèlement à ce sourd questionnement, pas vraiment traité sur le mode introspectif mais plus dans le registre des faits, il y a le drame, qui le touche et touche sa fille, là-bas, chez elle. Le sordide fait-divers. Comment vivre avec, et surtout, vivre après ? Il y a aussi sa rencontre avec le monde animal, qui le rapproche sans doute de notre vraie nature d'homme. Sa fille tient un refuge pour chiens et chats, parfois, la nécessité oblige à tuer ces animaux, tout en les accompagnant jusqu'à leur dernier souffle... Il découvre l'humilité et peut-être l'humanité, d'abord inconcevable, de tels actes. Et son impuissance face aux événements sur lequel il n'a aucune emprise... Mais on a tellement de mal à s'attacher à ce personnage anti-héros, que ça rend difficile l'attachement au livre...
. Disgrâce, John Maxwell Coetzee, éditions du Seuil, collection Points. 272 pages.