Voisins d'ailleurs :)
Je ne lis jamais de science fiction. Alors cette lecture m'a semblée très rassérénante. Atmosphère étrange évidemment, impression de fin et de début de monde, ou de fin et de début de
vie très particulières... J'ai aimé. Je ne connaissais pas Simak, or il passe pour être une référence dans ce genre littéraire. Et ce livre, édité en 2009 par les éditions Belial, regroupe neuf
nouvelles de l'auteur, écrites entre 1953 et 1976 approximativement, parfois inédites, ou depuis longtemps introuvables... C'est le cas de "La Grotte des cerfs qui dansent"(1953),
couronnée de nombreux prix SF, où il est question d'un homme, âgé de... 35 000 ans, que l'on rencontre à proximité de la grotte de Gavarnie et ayant peint une fresque préhistorique à
l'intérieur... Toutes les nouvelles nous amènent à réfléchir sur le temps et l'espace et leur relativité ; sur la place et la vision de l'homme, qui apparaît comme si petite, si négligeable, et
si faussée bien souvent, compte tenu du tout petit nombre de paramètres qu'il connaît, et de sa toute petite place dans l'univers... C'est peu commun de penser à cela... Ma préférée dans ce
recueil c'est sans doute "Le Voisin" (1954) : un village retiré, au fin fond des Etats-Unis, où vivent des paysans. Un jour un inconnu s'y installe, et finit par faire partie du décor, au même
titre que les autres, malgré ses étrangetés... Il se trouve qu'il va être le garant d'une qualité de vie dans cette vallée, et que pour préserver cela, aucun étranger ne doit le savoir ! d'où le
journaliste contraint d'habiter dans la vallée, parce qu'il est condamné à ne plus pouvoir sortir de la vallée ! Dans quelque direction qu'il aille, il ne peut partir... Alors il reste. Ce
passage m'a particulièrement plu.
La Photographie de Marathon, étrange encore, avec une vision et une projection assez vertigineuse, qui tout d'un coup nous amène à penser aux générations futures, et nous touche : "Je me pose des questions sur mon manque de compassion envers ces gens de l'avenir. Pourquoi suis-je incapable de les considérer comme nos lointains descendants, les enfants de nos enfants ? Pourquoi suis-je incapable de leur vouloir du bien ? Peu importe : je ne le peux pas. A croire que ce sont eux, les extra-terrestres".
J'aime encore la très courte "Le bidule" (un gamin maltraité par sa famille adoptive, qui trouve "la gentillesse" dans un buisson), ou encore le "Van Gogh de l'ère spaciale", où un homme part à la recherche de son ami disparu, sur une autre planète, là où il y est mort, et où il a peint sa dernière toile...
. Voisins d'ailleurs, Clifford D. Simak, éd. Le Bélial (2009).