Vida
Etrange comme ce livre nous échappe... Il s'en
dégage en outre un sentiment de résignation, une espèce de renoncement, une certaine mélancolie. On se trompe si l'on croit comprendre assez vite ce qu'il est, dès le départ : ça semble assez
simple, pourtant, on est dans la tête d'une jeune fille qui a d'abord 14 ans, d'origine colombienne, et les chapitres se succèdent, centrés sur un personnage différent à chaque fois. Le récit
n'est pas linéaire : aussi, on ne suivra pas la jeune femme de 14 à 24 ans... Leur succession répondent à une géographie personnelle du personnage. Aussi, on croise des personnages qui ont sans
doute marqué le destin de la jeune fille. Des destins brisés, comme celui de Lucho, ce jeune homme qu'elle aimait sans doute à 14 ans, et que la vie lui rafle, et on pressent que déjà, cet
événement dans sa vie en est un premier qui laissera sa marque indélébile dans ce qu'elle est. Ce livre c'est ça. Vida ?
C'est une femme rencontrée par la narratrice, dont le destin de femme correspond à un certain paroxisme. Sans doute, il représente, caractérise, symbolise ce que peut être de pire le destin d'une colombienne aux US. Même si celle-ci se sauve... Elle ne fait que passer dans ce roman, loin d'être un personnage central, et ça surprend un peu...
Il y a de jolies choses dans ce roman, comme le personnage de la mère, esquissé mais touchant, notamment dans l'avion qui éloigne la famille de Bogota pour la ramener en des terres d'exil...
Un livre qui parle sans doute, si l'on tente de résumer, du destin de la communauté colombienne émigrée aux Etats-Unis. Il y a ceux qui parviennent à s'en sortir, et ceux qui périclitent... Et l'enfance, même si elle peut être rose, n'y change rien...
. Vida, Patricia Engel, éd. Anne Carrière, 2010.