Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur :))
Que voila un livre qui m'a inspiré un profond
plaisir de lecture, mais avant tout, un profond respect. Ecrit à la fin des années 50, il raconte l'histoire d'une famille sans mère, dans un petit village de l'Alabama en 1930. Le père est un
digne, très digne et admirable avocat empli de sagesse et d'humanité. Il élève seul ses deux jeunes enfants, Jem, l'aîné, âgé d'une dixaine d'années, et Scout, la fillette de 7 ans. C'est par le
regard de la fillette que l'histoire nous est livrée. Mais nous avons là, par le prisme enfantin et naïf d'une enfant vive et intelligente, un regard sur le petit microcosme, et la société de
l'époque. Autour d'un événement central, amené lentement, habilement : la condamnation à mort d'un noir, pour le viol et l'agression d'une jeune fille blanche... Affaire pour laquelle le brillant
avocat est commis d'office... surtout parce que le juge, lui aussi un homme intelligent, semble vouloir donner une chance à cet homme d'une autre couleur de peau, et qu'il ne croit pas
coupable... Miroir d'une époque où les droits et l'égalité sont affaires de couleur de peau, où les noirs sont avant tout des domestiques qui n'ont pas voie au chapitre ni à la considération
qu'ils méritent comme tout être humain. Et Atticus, le père, l'avocat, va défendre cet homme et prouver qu'il ne peut être coupable... Seulement, la société sera plus forte. Un petit pas
toutefois : on aura pour la première fois consacré une audience longue et mûre réflexion à propos d'un noir... En plus de cette affaire, qui marque profondément le village et les deux
enfants, il y a l'univers de ceux-ci ; leurs incompréhensions, leurs questionnements face aux fonctionnements des adultes. Et puis cette histoire toute simple de voisinage, avec ce Boo Radley
invisible de tous, que les enfants fantasment, et qui pénètrera héroïquement leur univers jusqu'à leur sauver la vie...
C'est drôle, j'étais persuadée pendant toute la lecture de ce livre qu'il était l'oeuvre d'un homme ; et j'ai découvert que c'était une femme, qui avait gommé une partie de son nom, Nell Harper Lee qui en était à l'origine ! Quant au titre, il évoque un des sages crédos du père, Atticus, qui soutient que les oiseaux moqueurs sont des oiseaux qui par leurs chants apportent de toute façon la joie, et qu'ils devraient toujours être épargnés.
C'est un très très beau récit plein de leçons de vie. Et je ne peux m'empêcher de penser qu'en cette période actuelle de montée de l'intolérance à l'égard de la différence aujourd'hui en France, cette montée de la xénophobie, il devrait être mis entre toutes les mains de ceux qui ont osé penser que les thèses du front national pouvait apporter une solution à leurs maux... Sans se dire que ce n'est pas en détestant son prochain que son histoire ira mieux. Sa lecture devrait être obligatoire : un peu de pédagogie, et de retour sur l'Histoire, ne serait pas de trop, et une bien légère "punition", ou contribution à l'esprit d'Etat dans lequel nous sommes tous contraints de vivre...
. Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee, 1960.