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Le blog de la souris jaune

Le ruban rouge :))

27 Juin 2010, 17:18pm

Publié par la souris jaune

Il y a ici véritL64284-1-.jpgablement deux personnages principaux : une femme, Thérésia Cabarrus, et la guillotine. Cette guillotine, la "Louisette", la veuve, qui couve en filigrane dans tout le roman, et qui quelque part, d'une manière très fine, oriente les actions des personnages... On est ici plongé au coeur de l'Histoire, la grande Histoire, sous la Révolution française, et l'Empire. Alors, comment vivre normalement, quand chacun de ses faits et gestes peut bel et bien se voir se voir sanctionner par le grand échaffaud ? C'est un éclairage très intéressant que l'auteur, une Uruguayienne, nous propose de porter sur ce passage de notre héritage national. En outre, le titre encore de l'histoire, "Le Ruban rouge", dont on découvre l'explication au milieu du livre, porte en son sein, sans l'induire pourtant, la menace de cette grande guerrière coupeuse de têtes : le ruban rouge est l'accessoire que les prisonniers, à la prison de la force ou du Ha, attendant leur mort avec beaucoup de courage, utilisait pour mettre en scène leur mort avec le plus grand réalisme qui soit, simulant de ce ruban rouge sur leur cou, la marque transchante de la décapiteuse...

Ainsi, on voit évoluer dans un récit très riche et vivant, Thérésia Cabarrus, ou plus connue, Madame Tallien. C'est elle qui écrit et raconte l'histoire. La grande histoire, sous l'angle d'une femme, ce n'est pas si commun ! on découvre ainsi tous les grands hommes de l'époque (Robestierre, Barras, Napoléon, etc.) vus et décrit par cette femme belle, consciente de sa beauté... Et c'est intéressant d'y lire les coulisses d'une Histoire, où les femmes, loin d'en être absentes, sont plutôt les rouages, les éléments moteurs, et jouent un rôle loin d'être négligeable...

On découvre donc tout le quotidien de l'époque : moeurs légères (appétit de vivre pour contrebalancer sans doute le danger et la menace planante de la faux gigantesque, qui pouvait faire que votre vie s'arrêtat dès le lendemain), goût de la démesure jusque dans les toilettes, séduction, jeux de pouvoirs... C'est passionnant.

La belle espagnole, Thérésia, décède à 62 ans. C'est intéressant de voir que l'auteur met en scène sa mort, alors qu'elle est en train d'écrire ses mémoires, et elle fait l'une de ses filles reprendre le flambeau de l'écriture... En respectant le voeu de sa mère : dire, sans censurer.

 

. Le ruban rouge, Carmen Posadas.

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