Le double
J'aime particulièrement certains auteurs russes (dont
Gogol), mais je connaissais mal Dostoïevski. Etait-ce une judicieuse idée de commencer par ce deuxième récit du grand auteur de "Crime et Chatiment" ? Peut-être pas... En tout cas, même
si j'ai aimé ici certains traits de l'âme russe de cette période de l'Histoire (XIXème), on peut dire que je reste assez circonspecte après la lecture de ce livre... Livre dont les 40
dernières pages m'ont, qui plus est, demandé une force d'âme des plus grandes (si), me disant, comme à l'issue d'une course à pied de longue distance : allez, plus que quelques pages et tu as
fini !! Et je confesse que si j'ai fini par franchir la ligne d'arrivée, ce n'est pas sans détester ce M. Goldiakine et ce double qui ont fini par me sortir par les yeux.
C'est vrai que ce livre laisse beaucoup d'interrogations : ce Goldiakine est-il fou ? Le devient-il ? Si oui, à quel moment ? On ne peut que se dire que c'est une option du livre. Que marqué par une succession d'échecs sociaux, voire des humiliations, ainsi qu'un manque de reconnaissance professionnelle, Goldiakine y laisse une partie de sa raison. Il génère ainsi une vision d'un double lui-même, qu'il peut détester à l'envi.
On se dit que les rapports sociaux, les rapports hiérarchiques aliénants ont certainement leur sens dans tout ça ; d'autant qu'on ne peut occulter l'arrière-plan russe... L'auteur veut-il dire qu'ils sont autodestructeurs ? Peut-être.
Une autre interrogation persiste encore : la place de l'Allemagne dans tout ça. Voulait-il imaginer une certaine hostilité, défiance, un certain péril ressenti à l'encontre d'une menace allemande ? En tout cas, l'Allemande du livre est un personnage que l'auteur déteste semble-t-il, et on ne peut oublier que la fin du livre se termine là... Sur l'arrivée du héros dans un ailleurs "allemand" : enfer ou paradis ? Mort ou libération ?
Je ne dis pas que je ne tenterai pas d'autres livres de Dostoïevski (voila Jérôme rassuré :), mais comme avant de passer à une autre course à pied surtout si elle a été éprouvante... j'attendrai un peu !
. Le double, Dostoïevski, éd. Actes Sud, Babel. 1998. Date de parution originale : 1846.