La Belle aux oranges
Je suppose que l'effet recherché était de faire ressentir
une certaine magie avec ce livre-là, tel un conte qui envoûterait... En tout cas moi, je n'ai pas succombé.
L'idée était intéressante pourtant : le personnage principal, un jeune garçon de 15 ans vivant à Oslo, reçoit une lettre écrite par son père sur la fin de sa vie onze ans plus tôt. Cette lettre, qui lui était adressée, vient d'être retrouvée dans une vieille poussette rouge dans un apenti de jardin par la grand-mère...
Bref. Ca commence pas si mal. Mais ce qui nous amuse au début finit par nous agaçer un peu, voire beaucoup : l'auteur use et abuse du suspense, ainsi que du principe du secret... Il délaye son histoire, distillant trop régulièrement à mon goût un "je vais te confier un secret" : trop c'est trop ! Ainsi il éreinte un peu son lecteur (moi, en tout cas) à force non d'entretenir le suspense (car il ne l'entretient pas vraiment) mais en différant sans cesse le moment de nous dire pourquoi la Belle aux oranges ?? (Attendre 130 pages pour savoir enfin pourquoi la belle se promène avec 5 kg d'oranges alors que c'est le coeur même du récit, ouai, bon...).
Quant à son propos destiné à remettre en perspective une vie dans le vaste univers, il est intéressant, mais il m'a donné le vertige ! Nous sommes poussière, nous sommes miracle, car notre existence elle même est conditionnée par tant de paramètres qui s'ils avaient été modifié, auraient pu faire qu'on n'existe pas... C'est intéressant, comme idée. Mais aussi un peu stressant !
Je n'ai guère aimé LA grande question du livre, celle que ce père, du fond de sa tombe, pose à son fils ; le contraindre à réfléchir à cette question-là (si tu avais su que tu devais mourir, qu'on t'ôterait la vie en même temps qu'on te la donnait, aurais-tu choisi de ne pas vivre ?), sachant que le père répond oui... Est-ce un très beau cadeau à faire à un fils, je n'en suis pas persuadée...
Sinon, la construction du récit est intéressante. Moi j'ai trouvé tout cela longuet et, finalement, j'ai plutôt été gênée par la vie du fils qui ne nous intéresse pas du tout en fin de compte, ainsi que par le téléscope Hubble... Mais la construction est habile. En tout cas, pour moi le côté "conte avec des règles" à respecter, sinon on prend le risque de tout faire basculer ne m'a pas non plus beaucoup parlé... Etranges et fortes superstitions pour conditionner une vision des choses, sans doute pour rendre acceptable ce qui ne l'est pas... Cela dit, je ne regrette pas d'avoir découvert l'univers de Jostein Gaarder, que je connaissais pas, l'auteur du Monde de Sophie. Merci à Olivier.
. La Belle aux oranges, Jostein Gaarder, éd. du Seuil, 2003 pour la tractuction française.