L'idole
"J'ai compris que j'étais devenu célèbre le jour
où Naomi Machin s'est retournée sur moi dans la rue". Dès la première phrase du livre, le ton est donné. Ca commence bien, on est accroché dès le départ. Les trouvailles sont drôles, parfois
désopilantes (comme cette scène où ils tournent en limousine dans le quartier, juste parce qu'il faut rouler, et où le kiosquier leur tend un plan, et le boucher qui rate un tour sur deux parce
qu'il a des clients...), ce livre m'a beaucoup fait rire. Comment voulez-vous rester insensible à ça : "c'est bien tout le problème avec le karaoké, on est génial mais pas longtemps" ! ?
Comme vous l'aurez compris, l'histoire c'est celle d'un type (Georges Frangin) qui un jour sort de chez lui, et découvre qu'il est quelqu'un de connu. Du coup, il va passer en revue toutes les raisons qui pourraient faire qu'il le soit, ou ne le soit pas ; et comme c'est un type des plus communs, avec une vie des plus communes, évidemment, c'est drôle. Passer en revue aussi toutes les réflexions classiques autour de la célébrité ; seulement associées à quelqu'un qui n'a rien fait pour mériter sa célébrité, c'est assez amusant. Cynique à souhait. A l'image de ce directeur de chaîne qui passe son temps à rouler dans sa limousine, et qui crée les succès... Evidemment une réflexion sur la société du spectacle et ce qu'elle engendre, ainsi que sur la notoriété facile des émissions de télé-réalité.
L'idole m'a tout de suite fait penser à une famille d'auteurs contemporains qui exploitent ce thème de l'identité à travers l'absurde à Martin Page, ou encore Joël Egloff (L'homme que l'on prenait pour un autre) ou même Foenkinos. Ce que je reprocherais un peu au livre de JOncour, c'est qu'on tourne un peu en rond. D'ailleurs, tout est déjà dit dans la première phrase, et il n'y a finalement pas grand chose à rajouter. Heureusement que l'auteur a un sens aigu de la formule, on prend un plaisir indéniable à la lecture...
. L'idole, Serge Joncour, éd. Flammarion (paru en 2004).