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Le blog de la souris jaune

Je vais mourir cette nuit :)

25 Septembre 2012, 23:30pm

Publié par la souris jaune

IMG47da5c0c1da4a-je-vais-mourrir-cette-nuit-1-.jpgJe sais, et cette fois c'est sciemment (allusion à Alabama Song !), que j'ai déjà lu ce livre, que j'avais adoré il y a déjà quelques années, mais me disant que je le relirais pour en faire une vraie chronique. Tout juste l'avais-je mis sur ce blog pour ne pas l'oublier. Il était encore assez présent, dans ses grandes lignes, dans ma mémoire, comment pouvait-il en être autrement, avec un livre qui a un tel titre, et qui commence par "je me suis suicidé il y a seize ans". Evidemment, cette phrase est de celles qu'on n'oublie pas, et qui captive, capture, dès le départ. Il en sera de même pour tout le livre. Même si dire que celui-ci atteint des sommets de noirceur et de machiavélisme est un euphémisme, dans ce cas précis. Car on atteint vraisemblablement des paroxisme de manipulation rarement égalés à mon sens dans le domaine de la littérature.

J'ai été encore une fois cueillie par la structure de ce roman. Par la maîtrise de l'intrigue narrative, qui coule, et se déroule, digne d'un virtuose, d'elle-même.

Qu'en dire pour ne pas la déflorer ? Qu'évidemment on est entrainé dès le départ par une confession, une apostrophe à quelqu'un qui l'adresse 16 ans plus tôt... Un cheminement machiavélique, ourdi par la vengeance, seul rouage imaginable pour maintenir en vie le protagoniste... On est avec le destinataire de l'apostrophe du début jusqu'à la fin. Et évidemment avec le locuteur, puisque celui-ci dit "vous", et que ça nous rapproche. Machination, Elaboration d'un scénario qui joue avec la faiblesse de l'autre, et l'ensemble va titiller les aspects les plus fragiles et les plus sensibles de l'humain : l'humiliation, la sensibilité, la fragilité ; jouer aussi avec ses basses pulsions, celles auxquelles il se raccroche, en désespoir de cause ; tout est testé pour entrainer un être au paroxisme de la folie, la souffrance, l'autodestruction... tout est perverti dans ce livre, mais on n'est pas dupé, les clés sont fournies d'avance, puisque l'on sait que comme le livre est l'illustration d'une vengeance extrême, rien, rien, ne sera épargné... Destruction, auto-destruction, mutilation, vol des sentiments purs, vols des personnages ressources, il ne restera rien à la personne victime qui a eu le malheur d'exercer son métier et de mettre sa victime-bourreau sous les verrous... Rien ne résiste au rouleau compresseur de la vengeance. C'est un récit extrêmement bien mené, sous la forme d'une lettre qui bien que machiavélique, est extrêmement bien pensée.

On ne peut que saluer la prouesse de l'écrivain, Fernando Marias, auteur espagnol qui écrivit ce livre en 1996. Ce texte est un texte qui ne s'oublie pas...

 

. Je vais mourir cette nuit, Fernando Marias, éd. Cénomane, 1996 ; 2007 pour la traduction française.

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