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Le blog de la souris jaune

Désolations :))

2 Mai 2013, 21:46pm

Publié par la souris jaune


4 105911088 north 320xEvidemment, avec un titre comme celui-ci, il ne fallait pas s'attendre à quelque chose de rose, rose, rose. Mais j'ai beaucoup aimé.

David Vann nous donne à voir deux couples, à deux extrémités de leur histoire... La fin, et le début. L'image de l'un pouvant faire penser à ce que pourrait devenir l'autre. Irène et Gary, elle ex-institutrice de maternelle, lui thésard avorté, qui repporte chacun de ses non-accomplissements sur le dos de son épouse. 30 ans de mariage. Et Rhoda (leur fille), et Jim. Elle, assistante vétérinaire, lui dentiste. Vivant ensemble depuis un an, grâce aux moyens de Jim, dans une maison de rêve. Alors qu'ils songent au mariage, lui ne pense qu'à une chose soudain : la tromper, pour les dix ans de "jeunesse" qu'il lui reste encore ! Et puis plus discret, il pourrait y avoir un troisième couple, presque en clair-obscur, secondaire, Mark (le fils d'Irène et Gary), adolescent attardé, marin, vivant dès qu'il le peu aussi légèrement que possible grâce aux paradis artificiels, et Karen.

Pendant toute cette histoire, Irène est aux prises soudain avec un mal de crâne persistant, un mal qui la vrille de douleur, l'entraine à se gaver de médicaments, mais qui ne se tait jamais, et la prive de sommeil... Ajoutant un ressort dramatique, qui enfle, enfle et se gonfle monstrueusement, pour aboutir à la terrible fin.

Et puis il y a cette cabane, que Garry s'est mis en tête de construire, égoïstement, sur cette île perdue au milieu du lac. Comme une vision difforme de ce qu'est devenu leur amour.

Evidemment, la nature humaine apparaît ici avec toutes ses lourdeurs, ses imperfections, ses obscessions... L'homme, surtout, n'en ressort pas grandi. Incapable d'assumer ses échecs, les faisant porter à d'autres ; égoïste, ou n'ayant d'issue pour le bonheur qu'à travers la drogue... La femme qui s'engage, indissociable de l'amour et de l'engagement amoureux. Que l'homme accepte à ses dépens, pour se perdre.

Personne dans cette histoire n'a le courage de dire stop, de tenter de se recontruire autrement. Tous semblent emportés par le cours inéluctable des choses, résignés...

Le tout dans une nature qui donne à ce roman un cadre de désolation, qui renforce la dureté du drame (car évidemment, l'issue est terrible !) : l'Alaska, et une petite île perdue, derrière un lac, souvent aux prises avec la neige, le froid, le vent, la tempête... 

Belle découverte que ce livre. L'auteur, né en Alaska sur l'île Adak, sera au salon Etonnants Voyageurs à Saint-Malo du 18logo-ev 2013 320x240-5d2b8
 au 20 mai.

 

. Désolations, David Vann. Ed. Gallmeister, paru en 2011 sous le titre Caribou Island

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