Chocolat amer :)
L’atmosphère de ce livre là nous fait penser à celle des livres de
Garcia Marquez, ou encore à celle de « Ce que je sais de Véra Candida », de Véronique Ovaldé. Sans doute parce qu’il y est question de femmes, fortes, à personnalité, mais marquées par
un destin plus fort qu’elles qui souvent les broient. Il y a cette espèce de fatalisme plus fort que tout, qui écrase dans tous ces ouvrages. Et bien sûr une espèce de fantastique proche d’une
puissance chtonienne, qui habite souvent la littérature sud-américaine. Les ancêtres, les racines, sont toujours là, dans le présent, non sous la forme de réminiscences mais incarnés, revisitant
les vivants pour imposer leur sceau. C’est ainsi que la destinée est souvent plus forte que tout. Avec tous ses excès aussi, ses débordements du corps, dans ce qu’il a de plus
animal.
Chocolat amer nous livre le destin de Tita, indissociable de la cuisine. Alors on goûte les indénombrables plats qui accompagnent tous les événements de la vie au début du XIXème siècle, où l’on prend le temps de confectionner des mets qui transcendent les corps et les esprits ; Destin contrarié, douloureux, de Tita, par sa mère, Mama Elena, origine de ses souffrances, souffrances qu’elle essaiera d’ailleurs de toute la force de sa volonté d’infléchir pour les progénitures descendantes, afin qu’elles en soient libérées.
Les personnages sont excessifs, les événements de même, et la conjonction des deux amène souvent à des embrasements… Il est vrai que tout finalement pourrait se résumer à une histoire de chimie… « Bien qu’étant tous nés avec une boîte d’allumettes à l’intérieur de nous-mêmes, nous ne pouvons pas les allumer seuls, nous avons besoin d’oxygène et d’une chandelle » !
L’amour, qui est une histoire de chimie, prend en tous cas dans Chocolat amer, de multiples formes : il est contrarié, source de souffrance parce qu’inassouvi (Tita), possession du corps (Gertrudis), puissance sexuelle et embrasement (Pedro), transi, inconditionnel (John) ou encore dicté (Rosaura)... Attention, il est aussi destructeur, et amène la mort, si l’on n’y prend pas garde (Tita et Pedro)…