Arthur et moi
C'est encore un livre
sur les solitudes, sauf qu'à la différence de Nagasaki, celui-ci est moins moderne, plus intemporel.
J'ai eu du mal à être passionnée par ce livre-ci. J'ai mis du temps à m'intéresser au sort de ces personnages. Pourtant, l'histoire avait vraiment de quoi séduire : Arthur Opp est un homme de 58 ans, qui vit reclus chez lui, "chargé" de son histoire familiale mal digérée, mais surtout prisonnier de son corps de 250 kg qu'il n'ose plus montrer. Charlène, son ancienne étudiante alors qu'il était encore prof de fac, vit elle aussi seule chez elle, malade et dépressive... Tous deux s'écrivent. Tous deux vivent par procuration une vie dont ils ne s'emparent pas, secrètement amoureux de l'autre, ou d'un autre idéalisé, sans qu'aucun ne s'autorise à franchir le pas... Et Charlène a un fils. D'un père mystérieux, puisque l'anonymat de ce père restera l'un des fils rouges principaux qui sous-tend tout le roman. Un fils courageux, qui se débat comme il peut dans un monde rude, où il doit être très tôt l'adulte, condamné à veiller trop souvent sur sa mère fragile et infantile...
J'ai été gênée par un récit fleuve, et un style que j'ai trouvé trop commun ; j'ai aussi été agacée souvent par cette irruption dans l'écriture du signe + pour les énumérations, qui ne fait guère "écrit", et dont je n'ai pas compris l'utilité...
Pourtant, l'histoire est jolie, donc ; beaucoup de sensibilité autour de ces personnages principaux que sont Arthur Opp, Charlène et Kel, le fils de 18 ans, qui parvient même à gommer la dichotomie dessinée entre ces deux mondes qui s'opposent, et que sont Yonkers (le quartier des pauvres) et Pells (celui des riches)... Les personnages sont touchants, principalement cet Arthur Opp, qui se réfugie dans la nourriture... Jusqu'à une série d'événements en chaîne, l'arrivée de la jeune femme de ménage pour laquelle il se prend d'une tendre affection parce qu'elle rompt sa solitude, et qu'elle est tout ce qu'il n'est pas, et le monde qu'elle lui ouvre... En outre, l'auteur ne nous éparne pas les difficultés, les déceptions, et les désillusions, heureusement, elle évite l'éccueil de l'eau de rose...
Mais j'ai aimé, sans plus...
. Arthur et moi, Liz Moore, éd. Buchet-Chastel, 2012 (Etats-Unis et France).