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Le blog de la souris jaune

Anna, chroniques de la débauche ordinaire

14 Août 2010, 11:41am

Publié par la souris jaune

9782355930591-1-.jpgJe ne sais pas si je suis très fan du titre. Je ne crois pas, en fait. Finalement, je trouve que cela stigmatise ce que vit le personnage principal, via un oeil omniscient et qui nous dit : c'est de la débauche ordinaire. Vous me direz, les deux termes ne s'annulent-ils pas d'emblée ? La débauche peut-elle être ordinaire ? Oui, sans doute, et cet oeil omniscient semble nous dire : voyez, c'est finalement assez répandu, nous vivons une époque de débauche ordinaire. C'est peut-être vrai. Faut-il juger ? C'est peut-être le terme de débauche qui me gêne... Est-ce de la débauche ? Juste un personnage principal qui se débat entre ses doutes, ses illusions, ses désillusions, ses fantasmes, ses rêves... Et tente de les réaliser. Mais après tout, n'est-ce parce que nous sommes, pendant toute la durée de ce récit, dans la peau de ce personnage, qu'on est tenté de la trouver sympathique, et de ne pas coller ce mot de "débauche" sur ses faits et gestes ? Peut-être... En même temps, ce "jugement" (puisque c'en est un, finalement) peut correspondre au ressenti que le personnage lui même peut avoir de son époque, et de ce qu'elle l'amène à vivre... Et en cela, ça correspond mieux au livre. Car on sent un sens critique à l'égard de ce qui l'environne. Et c'est en soi déjà intéressant...

Alors : c'est une agréable découverte que cette Anna, Chroniques de la débauche ordinaire. Premier roman d’une française, Julie Manoukian, fille du médiatique André Manoukian. Ca ressemble à de la chick litt, légère, mais pas seulement. Et ça commence dès la première page de manière enlevée, un peu à la « Sex and the city », pour les amateurs… L’histoire : Anna est une jeune femme célibataire, elle vit seule à Paris ; la ville toutefois n’a guère d’importance, si ce n’est qu’elle nous situe le récit dans un espace qui n’est pas l’Angleterre (comme souvent pour les livres de ce genre, vu que les auteurs sont souvent des Anglaises), et que c’est une grande ville. Elle est pionne dans un établissement scolaire. Ce qui lui donne au passage l’occasion de brosser un portrait vif des mœurs pour le moins décomplexés, des pré-ados, qu’elle regarde avec un œil horrifié… Le décalage - dix ans les sépare - est déjà intéressant en soi. Et bien sûr, ce qui constitue l’essentiel de sa vie, c’est sa sphère de copines, Margot, Lisa et Lola, qu’on suit donc dans leurs péripéties, et ses histoires de cœurs, ainsi que celles de ses amies. Et bien sûr il y a les parents, et son rapport à ceux-ci, le père distant, la belle-mère un peu névrosée, la demi-sœur, qu’elle prend sous son aile… Les descriptions des personnages arrivent à point nommé, sans alourdir le récit ; le tout nous mène sur un mode plutôt drôle, acide et acidulé, dans les méandres d’une vie vécue tant bien que mal, où les difficultés ne sont pas gommées mais traitées avec légèreté… Le célibat, la solitude, la recherche de l’âme sœur, la peur d’aimer, les désillusions, les garçons qui cristallisent les peurs, les fantasmes, les envies…

 

. Anna, chroniques de la débauche ordinaire. Julie MANOUKIAN, édition Pascal Galode, 2009.

 

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