Le courage qu'il faut aux rivières :))
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Roman.
J'ai hésité un peu sur le nombre de sourires ; c'est un livre sombre, dur ; cependant, parce que je l'ai lu d'une traite ou presque, j'ai pensé qu'il valait ses 2 sourires.
Ce livre m'a fait de l'oeil pour son titre, et sa couverture. Il est spécial, très singulier.
Pas forcément facile à suivre, parfois, entre les différents personnages, la chronologie, et surtout les sexes mélangés qui font que parfois, au cours de la narration, on peut se perdre ;
le récit est écrit de façon poétique, dans une langue souvent soutenue, qui fait appel à un vocabulaire peu connu ; mais il décrit des réalités rudes, apres bien souvent, où le sombre et la neige se taillent leur part.
La question du genre est au coeur du récit. La dureté d'être une femme, qui contraint certaines à adopter une identité masculine : sans jamais que le pays ne soit nommé, on sait que l'histoire se passe aux confins des pays froids européens ; en Albanie, existent les vierges jurées, ou vierges sous serment ; des femmes, parce qu'elles ont refusé de se marier, pour rester libres s'engagent à être homme, d'aspect, à rester vierge et à ne pas devenir mère... Manushe est l'une de ces femmes. Nous la suivons dans sa vie au village, elle bénéficie d'un statut privilégié, respectée, de par la force de son serment. Et puis il y a Adrian, dans une autre vie, un autre lieu, qui à sa naissance a dû pour contenter son père n'ayant pas eu de fils, endosser l'identité masculine.
Ces deux vies sont entrechoquées par les événements, la dureté sociale, sociétale... Il faudrait rester bien à sa place... Ces deux vies vont se croiser... Le destin ou le récit se montre très (trop ?) cruel avec celle qui n'a pas fait ce choix, et qui pour être libre a choisi de vendre son corps...
La fraternité, la sororité, l'amitié, l'amour pour se donner chaud malgré l'extrême noirceur de la vie (à laquelle fait écho celle de la nature, dans ce roman) sont au coeur de l'histoire.
. Le courage qu'il faut aux rivières, Emmanuelle Favier, éd. Albin Michel, 2017