la carte postale :))))
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Roman.
On m'a littéralement mis ce livre entre les mains. En me disant avec délicatesse : "tu n'es pas obligée de le lire". Quelque chose de très délicat qui m'intriguait et que je ne comprenais pas.
Et puis je l'ai commencé. Parce que la 4e de couverture m'intéressait, et puis tout de suite, le livre accroche, et va bien au-delà...
Une carte postale, donc, arrive dans une famille, et dessus, ou plutôt en guise de texte, il y a quatre noms, ou plutôt quatre prénoms : EPHRAIM EMMA JACQUES NOEMIE
Et c'est tout.
La mère de la narratrice réagit avec virulence, à la réception de cette carte poste, et avec incompréhension. Et puis la carte postale est enterrée 16 ans. Jusqu'à ce que la narratrice, la fille de la mère ayant reçu la carte postale, se voie confrontée à la nécessité de ressortir la carte postale... Parce qu'aujourd'hui sa fille de huit ans a reçu cette phrase : "je n'aime pas les juifs, dans notre famille on aime pas les juifs". (Le livre est écrit, paru en 2021). Alors, pour la narratrice qui n'a jusqu'alors rien fait de son ascendance juive est peut-être obligée de s'y confronter. De tenter de comprendre et de remonter son origine, son histoire. Puisque soudain, ça jaillit...
C'est fulgurant. Epoustouflant, éblouissant, et plus...
Je pensais savoir beaucoup de choses sur l'histoire des juifs pendant la guerre, j'ai découvert que j'en savais peu.
J'ai compris pourquoi ma soeur, en me confiant ce livre que pourtant elle n'avait pas lu, me dit avec délicatesse : "tu n'es pas obligée de le lire". Oui, c'est vrai, avec ce livre on repousse les limites de l'horreur, de la honte humaine, de l'horreur de ce qu'un humain peut faire à un autre humain... Mais ce livre est époustouflant, je ne regrette vraiment pas de l'avoir lu... Il explore aussi, avec une infinie habileté, justesse, authenticité la question juive, à partir de la Shoa. Et après... Comment vivre, après, concrètement ?
C'est un très grand livre.
. La carte postale, Anne Bérest, éd. Grasset, 2021