Au bonheur des dames :))
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Roman.
J'ai éprouvé l'envie de relire ce roman ; ou de lire : je croyais l'avoir lu il y a longtemps et finalement j'ai un doute. C'est en entendant un extrait lu sur l'excellente France Culture dont je suis si fan que j'ai eu envie de ce livre. J'ai beaucoup aimé, même si c'est évidemment très copieux, et qu'on peut parfois friser l'indigestion ! Cependant, ce livre se laisse déguster, et surtout il est inenvisageable de le lire en transversale car l'action est lardée dans les descriptions, bien souvent.
J'ai admiré son écriture, et je redis à quel point cet auteur est brillant, alors qu'il est bien souvent critiqué ou mis de côté. Vraiment brillant, chaque page est un morceau de bravoure !
Je l'ai trouvé aussi très moderne. Publié en 1883, il retrace la vie d'un grand magasin parisien appelé Au Bonheur des dames. Nous suivons une jeune fille, Denise, arrivée de sa Normandie natale (Valognes) avec ses 2 frères dont elle a la charge, et qui débarque chez son oncle, petit commerçant au "Vieil Elbeuf". Il ne la prend pas, alors elle va bien devoir se débrouiller par elle-même et trouver un emploi... Elle trouvera au "Bonheur des Dames", et elle en rêvait...
Nous allons suivre son quotidien de travail au milieu des employés, des rivalités, des petites mesquineries, des amours des uns et des autres... les galeries de portraits sont savoureuses. Il est tout un tas de personnages que nous suivons d'un bout à l'autre du roman, entre lutte quotidienne des classes à un moment de l'histoire où cette "frontière" était plus marquée...
et puis bien sûr Zola nous donne à voir l'agonie des petits commerces, dont on voit la profusion au coeur de Paris face à l'écrasant mastodonte qui naît... Cela dessine ce que le XXe siècle vivra très évidemment jusqu'à il n'y a encore pas si longtemps, et c'est évidemment passionnant de suivre ces commerces, leurs résistances, leurs moyens d'exister...
Et puis bien sûr, il y a Denise. Un portrait de femme digne, coûte que coûte... Qui lutte même jusque dans l'amour, pour ne pas se perdre, jamais... dont on voit la personnalité se dessiner, évoluer...
Les personnages sont savoureux. Je m'en suis délectée. Tout juste ai-je été surprise par la toute fin, qui paraît bien abrupte ! On y attendrait une suite... Mais ce fut tout à fait passionnant.
. Au bonheur des dames, Emile Zola, 1883.