Nouilles froides à Pyongyang :)

Récit de voyage.
Quel drôle de récit de voyage, évidemment...
J'ai failli écrire "roman", tant ce qu'on lit ici paraît étrange, fou, incroyable... Mais non, c'est bel et bien le réel, dans un pays interdit et taré...
Je me disais quel grand écart (dont je raffole) que ces deux lectures successives, ce récit du XVIIe siècle et celui, là, de quinze jours en Corée du Nord... Point commun ? L'extrême codification...
Alors, alors, revenons à ce livre. Un peu long à mon goût (bien que tout petit livre) parce qu'on a très vite compris ce qui se donne à voir.
Le narrateur - l'auteur est également rédacteur en chef adjoint du magazine Géo - décide de faire un reportage sur la Corée du nord. Pour ce faire, il se crée une autre identité, celle d'un voyagiste ; il part avec un ami qui décide de l'accompagner, l'identité passe, semble-t-il, le voyage est accepté ; une fois arrivé en Corée du Nord, le duo se voit affublé d'un trio d'hommes qui les suivront partout, et surtout canaliseront leur voyage qui n'aura aucune marge de liberté, aucune improvisation, régenté par des coups de fil administratifs, un minutage précis, aucun échange avec les habitants, etc. Evidemment, ce voyage est d'une tristesse sans nom, et c'est ainsi que les deux protagonistes le vivent ; souvent mis en regard, pour le narrateur avec un récit de Melville, Mardi, livre qu'il avait emmené là-bas et lisait... Celui-ci résonne d'exotisme, d'aventure, comparé à la grisaille, la tristesse du voyage en Corée du Nord... La nourriture est peu abondante, rare même, l'eau aussi, le culte aux figures tutélaires des dictateurs successifs écrasant, monstrueusement écrasant...
Triste, bien triste au voyage d'un peuple qui vit dans l'oppression impressionnante de générations de dictateurs...
. Nouilles froides à Pyongyang, Jean-Luc Coatalem, Le Livre de Poche. Paru en 2013.