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Le blog de la souris jaune

Aral

11 Juin 2016, 17:05pm

Publié par LaSourisJOne

Aral

Me voici confrontée soudain au doute quant à l'appréciation de ce livre : dois-je me fier à mon état d'esprit du moment, qui m'a fait peiner sur ce livre, ou à la qualité certaine de celui-ci, qui devrait me faire rajouter au moins un sourire aux côtés de son titre ?

En tout cas, le début m'a bien emportée, le milieu m'a fait souffrir, la fin m'a confirmée que c'était un bon livre... Mais il faut le traverser, et ce personnage n'est pas toujours très 'aimable' (depuis quand il me faut des personnages 'aimables' pour aimer un roman ?) : disons que ces réactions étonnent, parfois, voire pire, mais on essaie de se raisonner et de le comprendre, il a de sacrées circonstances atténuantes ?

Voici ici le destin croisé, dans un roman à 'atmosphère' incontestablement, d'un narrateur et de la mer d'Aral. Sourde tragédie parallèle... Dans cette partie du monde, dans un tout petit village de 700 âmes, Alexei est un héros maudit : à l'âge d'une douzaine d'années, il perd l'ouïe... Celui qui est en passe de devenir un grand joueur de violoncelle va vivre ce cruel coup du sort, ainsi que l'espèce de déni que son handicap occasionne chez ses parents... Notre Alexei a un double de coeur, depuis l'enfance : c'est Zena, son amie, son amoureuse à vie... Ces deux chemins sont magistralement donnés à voir, tout cela dans une atmosphère lourde, donc, à laquelle la disparition de la mer d'Aral, terrible désastre écologique, fait écho... L'angoisse de ce personnage, qui subit la plongée dans un monde sans 'bruit', sans paroles, et la disparition de cette source de vie est assez forte et assez insoutenable... Trois volets dans ce livre, et la transformation du héros, l'évolution du héros, après la révolte, la déception, la perte de l'être cher... tout cela lié à une interrogation sur la filiation ; l'orphelinat, qui résonne tant dans le coeur d'Alexei, est un bel aboutissement (je ne peux que rester vague, là, pour ne pas trop en dévoiler)... En filigrane discrète, mais en filigrane quand même, une toile de fond possible politique, avec le fait de subir la mainmise de la Russie responsable des maux de cette contrée, puisque ce sont les décisions de la Russie qui fut responsable de l'assèchement de la mer d'Aral... Sachant que cette histoire mèle deux temporalités à 10 ans d'intervalle, 1975 et 1985...

C'est un livre qui étouffe un peu, mais plutôt bien tenu, d'où la poésie n'est pas absente...

Médiathèque de Saint-Malo.

. Aral, Cécile LADJALI, éd. Actes Sud, 2012.

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