Etonnants Voyageurs, carnets d'une festivalière//3
... C'est un moment fugace, qui n'appartient qu'à moi. Comme beaucoup ont pu en vivre, sans doute, puisque le salon Etonnants Voyageurs, c'est aussi cela, des auteurs sur les stands de leurs éditeurs, à des horaires qu'il faut capter, le temps de dédicaces.
Alors Rosa Montero.
Pour moi, c'est la confrontation, la première confrontation entre un auteur, que je me suis imaginée entre les lignes d'un roman, et l'être de chair, qui va être devant moi. Parfois, souvent, lorsque je lis, j'aime ne pas mettre de visage définitif sur ces géants accoucheurs de mondes et d'histoires ; mais j'y déroge pour la bonne cause ! En l'occurence, lui dire, maladroitement - comment peut-il en être autrement ? - mon attachement pour le livre que j'ai lu d'elle, L'idée ridicule de ne jamais te revoir, et que j'ai adoré, et l'en remercier. Lui dire, maladroitement encore, en quelques mots pour ne pas l'envahir à quel point cette histoire forte, ce lien du deuil qu'elle tisse dans ce livre m'avait enthousiasmée. Soulagée, de voir qu'elle semble recevoir sincèrement mes mots maladroits, mais non moins sincères, bouleversée que je suis de rencontrer en vrai, quelqu'un qui m'a offert une si belle émotion de lecture. Devant elle, de nombreux livres, que je ne connais pas, et de genres littéraires différents, semble-t-il ; alors je lui demande lequel elle me recommande... Elle me dit : "Vous qui avez aimé L'idée ridicule, alors je pense que celui-là (La Folle du logis) pourrait vous plaire". Un voyage entre vérité et fiction... Elle m'en dit quelques mots que j'ai oubliés, je suis convaincue, et bien sûr je suis son conseil, et je lui demande une dédicace. Je retrouverai ses mots, écrits pour moi, lorsque j'y plongerai pour le lire.
L'être de chair Rosa Montero a sur ses bras, des tatouages qui lui vont bien. Et sur le haut de son dos, ces mots, dans sa langue maternelle : ni pena, ni miedo, qui se traduit littéralement par ni la douleur ni la peur, mais qui d'après l'histoire d'Amérique latine, équivaut au "No shame, no fear"...
. La folle du logis, Rosa Montero, éd. Métailié, 2004.