Syngué Sabour :))
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Le plaisir de lire, et le sens de la lecture est revenu avec ce livre-là.
Ecrit comme une pièce de théâtre, autour d'un personnage féminin central et de ce qu'on pourrait imaginer des didascalies. En narration extérieure.
On assiste au monologue intérieur, comme une confession, de la femme, qui veille son mari blessé. Son mari dont elle attend un geste, pour penser qu'il est vivant. Pourtant il respire. Malgré la balle qu'il a reçue dans la nuque. Et elle l'alimente, patiemment, le soigne... Et se confie à lui, comme à une 'Syngué Sabour', une pierre précieuse, une pierre de la patience qui une fois qu'elle a reçu toutes les confessions explose et guérit... On a là un récit touchant, d'une femme, qui oscile entre la raison et la folie, gorgée de frustrations, pragmatique... On lit une sacrée satyre de la masculinité musulmanne, ou d'une certaine masculinité musulmanne. Qui fait la guerre, prend, possède, ne respèce pas, ne considère pas la femme... Elle, dans son attente douloureuse de sa résurrection va raconter, ses blessures, son histoire intime, et parler à son mari comme elle ne lui a jamais parlé... Toute cela sur fond de guerre, de bombes, de kalachnikov dans la rue, d'intrusions, de murs soufflés... Monde, réalité rude, plus que rude.
Mais on garde en mémoire ses mots, et chaque image que fait naître le récit, dans cette chambre où elle prend soin de ce mari, pourtant : le matelas, au milieu de la pièce, le rideau vert derrière lequel elle finit par le cacher, le rideau aux oiseaux migrateurs bleu et jaune, et puis les insectes, plus libres d'aller et venir que les humains, y compris dans les corps...
C'est vraiment un beau récit.
Merci à Charlotte, qui m'a donné envie de le lire.
. Syngué Sabour, Atiq Rahimi, éd. POL 2008, Folio 2010.