Le complexe d'Eden Bellwether :))
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J'ai vraiment dégusté ce gros livre de 500 pages qui se lit lentement, sans temps morts.
Tout commence par une page d'accroche, un fait-divers, qu'on vit en direct ou en très léger décalé, en narration extérieure, qu'on relit plusieurs fois, mais qu'on ne comprend pas très bien. L'intensité dramatique est là, bien entendu, puisqu'il vient de se passer un drame, qu'un corps est repêché et que quelques autres sont des victimes... Incendie ? Evidemment on comprend en tout cas que ce sont les protagonistes de l'histoire qui commence ensuite, qui en arrivent là... Comment ? Pourquoi ? Evidemment, cette accroche nous tient, en partie en haleine.
En partie seulement. Car l'histoire est une coulée fraîche dans laquelle on a plaisir à se plonger. C'est par le prisme d'Oscar, qu'on va suivre toute l'histoire. Sans en savoir jamais plus que lui... Oscar, jeune homme, athée, d'un milieu social modeste, intelligent, travaillant dans une maison de retraite, qui entre un jour par hasard, dans une chapelle, attiré par les sons de l'orgue qu'il y entend... Là, se noue toute l'histoire. Là il rencontre Iris, une fille aux grosses lunettes dont il s'éprend, et qui est la soeur du musicien talentueux, trop talentueux en train de jouer. Oscar va pénétrer la petite sphère très fermée du petit groupe d'amis... On va le suivre au gré d'un récit plutôt riche : milieux sociaux, maladie, espoir, pouvoir des croyances, hypnose, pouvoir de la musique, sont à priori les thèmes qui marquent ce livre. Mais cela va bien au delà. Liens d'amitié, d'attachement ; à l'autre amoureux, au groupe, à la personne âgée.. Une belle réflexion sur ces liens d'attachement ; avec la pichenette qui, même si ils sont fort, très forts, ils ne sont jamais que ce qu'ils peuvent être face à la mort... pas de pathos dans ce livre. Mais de très belles histoires qui viennent toutes se rencontrer pour donner un livre plutôt attachant. Autour d'un personnage très, très particulier, admiré autant qu'il peut être détesté : Eden Bellwether. identifié petit à petit par ce psychologue expert, sans que les choses soient tranchées, comme quelqu'un souffrant d'une personnalité narcissique. Avec ce que cela peut supposer d'extrême, évidemment, donné à voir dans ce livre. Belle mise en lumière aussi du droit individuel que l'on a par rapport à une histoire collective ; j'aime bien l'interrogation qui demeure, à la fin, même si ce n'est pas l'essentiel : peut-on au nom de son propre égo, pour sa propre protection, priver la science, l'histoire de faits qui pourraient la marquer, les marquer, les faire avancer ? L'auteur y répond par l'exmple, à sa manière, et c'est très très beau comme ça. Pas de phrases pontifiantes ici, jamais, juste un récit très prenant.
Médiathèque de Pleurtuit.
Le complexe d'Eden Bellwether, Benjamin Wood, éd. Zulma, 2014 pour la traduction française (de l'anglais, paru en 2012).