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Le blog de la souris jaune

Pas pleurer :)))

12 Février 2015, 13:20pm

Publié par LaSourisJOne

Pas pleurer :)))

Quel plaisir de lecture, que ce livre ! Il a obtenu le dernier prix Goncourt ; j'en savais peu de choses, et surtout, le titre ne m'avait pas forcément interpellée. Quelle erreur ! J'ai véritablement adoré.

Dès le départ si tant est que l'on ne se laisse pas effrayer par le premier paragraphe qui nous parle de Bernanos que l'on connaît peut-être peu, dès le départ donc on entre dans un récit qui se caractérise déjà par une agréable richesse et un étonnement de la langue. L'intrusion brutale de l'oral dans un style pouvant être très écrit est un vrai régal parce que tout cela est complètement en adéquation avec la narration ; le style s'imprègne et marque ce qui est raconté. Ainsi, nous avons aussi le savoureux mélange dans cette langue entre les hésitations de l'espagnol, à travers la langue maternelle, et le niveau du français correct et même littéraire, de la fille : la narratrice est la fille (née en France), qui écoute sa mère raconter son été 1936, en Espagne, son pays d'origine. Les deux niveaux de langue s'emmêlent, pour un résultat très réussi. Génial aussi, l'interruption brutale du texte, quand le locuteur que l'on imagine est interrompu dans ses propos. Cela donne une espèce de force de l'instantanéité à son récit, alors même qu'elle nous plonge des dizaines et des dizaines d'années de cela.

C'est extraordinaire. Nous vivons donc cette année 1936 en Espagne, et les suivantes, la naissance d'une prise de conscience ouvrière et libertaire ; la résistance nationale, soutenue par le clergé, à travers la bouche de cette jeune femme Montse, il y a 75 ans ; et puis il y a Josep, le frère, le révolté ; et Diégo, qui deviendra le mari de circonstances, opposant, rival historique du frère ; chaque personnage est passionnant, donné à voir avec une vraie finesse ; et puis il y a de loin en loin, comme une prise de recul parallèle, par la narratrice, le récit de ce que traverse Bernanos, qui souffre en son âme de ce que son pays subit.

Et évidemment, cela résonne en nous longtemps. A plein de niveaux. Car la naissance d'une résistance, c'est touchant ; car oui, chaque époque a son lot de courageux, et son lot de faibles, qui ralentissent et empêchent les changements. Aujourd'hui, encore, évidemment, dans une période où les salariés laissent un lourd tribut au nom de l'emploi raréfié à leurs conditions de travail et à leur considération, ce texte ne peut que résonner encore, et encore. Il est beau ce personnage de Josep, qui espère, qui se bat, qui croit, qui veut que les choses changent, et qui est vaincu... C'est un très très beau récit, que je garderai longtemps en moi, et que je me vois bien relire...

Médiathèque de Pleurtuit.

. Pas pleurer, Lydie Salvayre, éd. Seuil, août 2014.

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D
Bon, ben moi non plus il ne m'avait pas du tout tenté...Je l'ai pris et repris dans mes mains plusieurs fois, j'ai relu derrière à chaque fois le résumé, mais là tu me donnes vraiment envie de le lire...Je le rajoute à ma liste qui s'allonge!!!!!!!!!!!!!
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L
Hi hi :)) J'aime bien contribuer à allonger ta liste !! :)) Bonne journée, delphenvacances ! :)