Je ne retrouve personne
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Le postulat de départ est assez classique : Aurélien, la trentaine, parisien, écrivain, retourne dans sa Normandie d'origine le temps de mettre en vente la maison de ses parents, qui se sont exilés à Nice. Et évidemment, arrive la remontée des souvenirs. Cela dit, le style est enlevé, les propos justes, sans 'gras', sans superflu ; la lecture est agréable.
Quant on se tourne vers le passé, qu'on accepte de regarder de près ce qu'on a laissé en plan des années, voire des décennies pour se construire adulte, se réagence, nécessairement. Le temps a passé, et la compréhension des êtres qu'on croyait connaître se peaufine. L'épreuve de la solitude que le narrateur accueille comme une lourde nécessité, contraint à ça. Un bilan passager, à cet instant de vie. Finalement, le personnage principal ne va pas forcément faire beaucoup bouger ses rapports à sa famille (ses parents et leurs préjugés, son grand frère tyranique), davantage son appréhension du monde d'adolescent, ses 'amis', ou fréquentations de l'époque, qu'il avait sans doute approché parce que tout les opposait, et que ces différences (de milieu social plus bas) l'attirait. L'un d'entre eux le touchait malgré lui, après l'avoir exclu et fait souffrir, ce Benoît dont il va s'inspirer comme personnage de roman... Jusqu'à ce qu'il apprenne la part manquante, sur ce garçon, qu'il ne savait pas...
La solitude lui permet aussi de prendre conscience de ses fuites, de ses croyances, et peut-être de cette errreur : Junon l'a quittée parce qu'elle voulait un enfant, et qu'il n'en voulait pas... Cet enfant, elle l'a fait sans lui, et lui, contre toute attente, découvre à quel point il est attaché à cette enfant, qu'il a pourtant choisi de ne pas garder dans sa vie...
On laisse le personnage en cours d'évolution, avec des pistes de réflexion...
Merci à Ronan pour ce cadeau. :)
. Je ne retrouve personne, Arnaud Cathrine, éd. Verticales, août 2013.