06h41 :)
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J'aime bien Blondel. Encore une fois, il ne m'a pas déçu. Après G 229 et Brise-glace, je viens de prendre un grand plaisir à lire 06h41, qui se lit très rapidement. Ici on est dans un train de 06h41, un lundi matin, en direction de Paris. Elle et lui sont assis à côté, et comble du comble, ils ne sont pas inconnus l'un à l'autre. Ils ont 47 ans, mais il y a 27 ans de cela, ils ont été amants, ont passé quatre mois ensemble. Tous deux se reconnaissent. Mais le temps les a changés. Le tour de force de Blondel, c'est de maintenir le suspense, et de dérouler l'histoire, sans que les protagonistes ne se parlent. Pendant les 95 minutes du trajet, l'un et l'autre pourtant revisitent des souvenirs communs, retissent l'histoire, replongent dans la vie qui vient de s'écouler... Le temps qui passe modèle les êtres, et les événements, certains événements, marquent à jamais. Comme ce dernier voyage à Londres, partagé, qui s'est si mal fini, et qui a marqué les deux protagonistes de façon si différente. Que sont devenues les certitudes d'antan ? Quels accomodements fait-on avec son présent ? Les introspections sont riches et pourraient tout changer. Pourtant, le récit est pragmatique, et l'on s'accomode bien souvent de la facilité, pour ne rien faire bouger. Alors ces deux-là ne se parlent qu'à peine, qu'à la fin du trajet... Mais elle, sur le quai, va se détourner enfin, comme si elle acceptait une nouvelle fois à 47 ans, que l'inconnu vienne jusqu'à elle, via cet homme surgi du passé, à l'égard duquel pourtant elle a tant de rancoeur... Et le récit nous laisse là. C'est une belle balade au fil du temps qui s'avale aussi vite que le train avale l'espace.
. 06h41, Jean-Philippe Blondel, éd. Buchet-Chastel, 2013.