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Le blog de la souris jaune

Résultat pour “La petite pièce hexagonale”

Boy

28 Juillet 2012, 20:46pm

Publié par la souris jaune

Boy-Takeshi-Kitano-1-.jpgTrois textes courts : "Tête creuse", "nid d'étoiles", et "Okamé-san". Qui nous entrainent au coeur de la culture japonaise, aux côtés de garçons jeunes ou très jeunes. Dans le premier texte, la fête des sports, chère aux écoliers est au coeur du récit ; avec tout ce qu'elle véhicule, la pression que se mettent les élèves pour remporter le certificat signe de victoire. Pression entretenue par les parents, et les enseignants... Entre rivalités enfantines et sentiments de ne pas être à la hauteur...

Dans le deuxième récit, le personnage principal est un jeune garçon qui suit aveuglément son grand-frère... Tous deux passionnés d'astronomie, héritage du père décédé, alors qu'ils viennent de déménager, et que leur mère, qui travaille avec acharnement vient de rencontrer quelqu'un d'autre. Autonomie, errance des enfants responsabilisés très jeunes par les adultes, tout simplement, comme une évidence.

Dans le troisième texte, on suit Ichiko, jeune garçon habitant Tokyo qui décide après une altercation avec son père, de partir explorer Kyoto et découvrir les Temples là-bas, lui qui veut devenir historien... L'aventure au bout du chemin, pour ce gosse qui ne connaît rien de la vie.

Ici, l'enfance est un monde à part, auréolé de naïveté, d'innoncence, parfois brisé par les adultes. Un monde fragile, à la merci des mauvaises rencontres, qui marqueront leur sceau définitivement sur l'être en devenir. Petite plongée dans un univers japonais.

Je ne peux cependant pas dire que j'ai rafolé : je reste souvent sur ma faim, avec la littérature japonaise. Et là... disons qu'il faut tricoter ses fins soi-même ! C'est au lecteur d'imaginer l'issue des histoires, ou de tirer les conclusions, car l'auteur ne les donne pas ; les fins sont des non-fins, juste la fin du récit, pas celle de l'histoire...

Merci à Cynthia pour la découverte.

 

. Boy, Takeshi Kitano, éd. Wombat. Février 2012

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Nadja :)

26 Août 2012, 21:21pm

Publié par la souris jaune

9782070360734-1-.jpgJe viens de relire Nadja, un des livres qui m'ont beaucoup marqués, surtout quand on les lit comme ce fut mon cas jeune. Qui viennent râtisser toutes vos certitudes en matière de littérature, et vous faire comprendre à quel point rien ne sera plus comme avant ! Dans cet esprit, il y aura eu ce livre, et puis bien sûr Sarraute, la grande Nathalie Sarraute. Alors évidemment, écrire sur Nadja comme si j'écrivais sur n'importe quel autre livre ne va pas être un exercice facile mais je vais essayer.

Fidèle à son crédo du livre "ouvert et battant comme une porte", la première partie est arride... Tournant autour de ce qu'il dénonce, la vanité, la vacuité d'écrire un roman et de s'essayer à des tentatives de psycholosigation des personnages, comme à l'apogée du roman psychologique au XIXème siècle... Breton pervertit notre rapport au roman, il enchasse, pour tenter de faire naître l'improbable, le fugace, ce qui palpite... Et évidemment le personnage de Nadja palpite, qu'il nous livre au gré de leurs rencontres, et jusqu'à l'annonce de l'entrée de celle-ci dans un asile psychiatrique. Ce personnage qui porte le nom du "commencement du mot espérance, et parce que ce n'en est que le commencement".

La rencontre avec Nadja l'aura livré à la "fureur des symboles", lui qui la recherche, avec son groupe d'amis du surréalisme. Les photos, dessins égrènent ce livre pour mieux donner à voir ce que le couple aura vu. La fureur des symboles, à condition de s'arrêter en chemin, au nom de "l'instinct de conservation", ce qui n'était pas possible pour Nadja. J'ai aimé cette tentative de nous restituer le réel transfiguré, vu par leurs deux regards, au gré de leurs pérégrinations parisiennes ; la ville, la rue, prennent une autre dimension quand on regarde autrement et au delà des apparences... Sa vision de la folie, du confort des asiles psychiatriques pour ceux qui vivent au dehors, est évidemment une idée très intéressante : comment s'en sortir lorsqu'on y est, que les codes sont tout autres, et que l'on est livrés à la rationnalité imparable et sans faille de grands professeurs ? Evidemment ça interpelle.

Breton aura-t-il poussé Nadja jusqu'aux portes de la folie, qui lui tendait les bras ? Bien sûr il s'interroge, avant de sauver l'amour, et d'écrire quelques pages, en guise d'ôde à l'amour... Car pour Breton il y avait la poésie, bien sûr, la beauté (non conformiste) et l'amour... Tant de choses, et les idées chères au pape du surréalisme contenues dans ce petit livre !

 

. Nadja, André Breton, éd. Gallimard Folio, 1964. Ecrit en 1926.

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Reflets dans un oeil d'homme :))

10 Septembre 2012, 22:26pm

Publié par la souris jaune

Reflets-dans-un-oeil-d-homme-Huston-1-.jpgC'est le titre du livre de Nancy Huston qui m'a donné envie d'y regarder de plus près. Dès que j'ai eu commencé ce livre, je ne l'ai plus lâché, véritablement happée par le propos, l'aisance du style, l'ironie qui y couve, la colère retenue...

C'est un livre puissant, une réflexion extrêmement intéressante sur la condition féminine. On en a pourtant écrit tant ! J'ai été captivée autant par ses raisonnements (un peu moins par ceux sur la prostitution, j'en conviens), autant que par l'alternance avec ses confessions, confidences personnelles, confiées avec un beau raffinement. Elle évoque ainsi un grand nombre de destins de femmes qui ont marqué le XXème siècle, qui tendent à illustrer ses propos. Elle y mèle avec pudeur quelques éléments biographiques, avec une belle distanciation grâce à l'utilisation du "vous" pour se désigner elle-même...

J'ai trouvé très intéressant et bouleversant son analyse du dédoublement implicite imposé aux femmes, condamnées à se percevoir d'abord en tant qu'images (quand ce n'est pas le cas des hommes). Très intéressant encore son analyse du rôle de la photographie dans tout ça.

J'ai aimé le poids qu'elle reconnaît à ces petites phrases, ou gestes, "actes de violences ordinaires", atteintes à sa féminité ordinaires, dans la rue, banalisés par la société et ceux qui la font, comme autant d'actes traumatisants pour la femme -même si elle ne peut pas le revendiquer.

Elle ne recule pas devant un peu de provocation, revendiquant avec raison que ce ne sont pas ses réflexions, qui sont provocantes, dans une société marquée par une "idéologie unisexe" alinéante...

J'ai aimé sa vision appaisante des couples d'âges mûrs dansant dans les jardins de la Citadelle, par opposition à la frénésie des jeux avec la mort et le risque en boîtes de nuit...

J'ai aimé aussi ce qu'elle dénonce des nouveaux manuels scolaires (2011) selon lesquels il n'y aurait pas de genres, mais bien des individus qui se choisiraient eux-mêmes, hommes ou femmes...

C'est assez bouleversant de finesse... Et ce livre même si l'on sent sa passion et ses excès, devrait tomber entre toutes les mains, parce qu'il interpelle vraiment...

 

. Reflets dans un oeil d'homme, Nancy Huston, éd. Actes Sud, mai 2012.

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Le mur invisible :)

9 Août 2012, 21:52pm

Publié par la souris jaune

le-mur-invisible--50754-250-400-1-.jpgOuh la ! La claque !! Etonnant roman que celui-ci, écrit par l'Autrichienne Marlen Haushofer, et paru en 1963. Je peux tout à fait imaginer qu'il habite longtemps, longtemps son lecteur...

C'est le récit d'une femme, d'âge mûr, qui a élevé deux filles, veuve, qui se rend de temps à autres chez des amis en montagne. Nous la découvrons au cours de l'un de ces séjours. Un après-midi, le couple qui la reçoit s'absente pour aller au village d'à côté. Habitués à fonctionner en autonomie, chacun vaque à ses occupations... Elle  se couche, et ferme la porte à clé... Oubliant de se réveiller pour leur ouvrir au cas où ils reviennent en pleine nuit. Au matin, elle découvre qu'ils ne sont pas rentrés et part à leur recherche, à pied, quand elle se heurte violemment la tête contre un obstacle transparent... Il s'avère que cet obstacle est un mur invisible, qui semble avoir été érigé pendant la nuit, et qui se présente à elle dans quelque direction qu'elle tente d'emprunter... Elle finit par planter des branches d'arbres le long de celui-ci, pour ne plus avoir à s'y cogner...

Elle est alors prisonnière de la vallée, avec quelques animaux domestiques, sans compagnie humaine : règne une ambiance de fin du monde... D'autant que de l'autre côté du mur, les rares humains qu'elle aperçoit sont figés, comme de pierre...

Cela m'a rappelé la nouvelle de Simak, le "voisin"...

C'est le quotidien de cette femme qu'on lit ici, pendant un peu plus de deux ans (puisqu'elle a un réveil, et qu'elle note le passage du temps)., la façon dont elle va devoir s'organiser, ce qu'elle va devoir apprendre, réapprendre ou désapprendre... Son récit s'arrête lorsqu'elle n'a plus de papier pour écrire...

C'est étrange parce qu'il se passe évidemment peu de choses dans ce récit, mais chaque petit événement a une énorme résonnance ; on les vit avec une réelle intensité, comprenant , ressentant même presque ce qu'ils peuvent représenter pour elle dans sa situation. Il se passe peu de choses, et souvent des choses répétitives, et pourtant on se passionne pour cette histoire, on suit ses pensées, ses cheminements, et surtout on attend de savoir quelle issue aura cette histoire... Evidemment le récit tend à faire relativiser beaucoup de choses, le superflu par rapport au strict nécessaire, au coeur de ce texte... Avec pour moi deux pages marquantes d'ailleurs, où elle fustige le rythme quotidien et normal en ville, qui ruine les nerfs, alors qu'on devrait toujours tendre à se rapprocher de la nature, et à ne pas se mentir...

Un texte très fort, que je remercie Jérôme de m'avoir fait découvrir...

 

. Le mur invisible, Marlen Haushofer, éd. Babel. Paru en 1968, Actes Sud en 1985. 

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Un amour :)

30 Décembre 2012, 16:29pm

Publié par la souris jaune

un-amour-dino-buzzati-9782221077825-1-.gifAh, le bonheur de retrouver Dino Buzzati, j'avais tellement aimé son Désert des Tartares, ainsi que ses nouvelles, le K ! Le plaisir n'est pas démenti, avec ce livre.

C'est l'histoire d'un presque quinquagénaire (49 ans), architecte, et de sa passion dévorante pour une toute jeune prostituée, Laïde, sur près de deux ans. Passion qui se transforme en obsession, et qui l'asservit, sans qu'il puisse faire appel à sa raison et résister, se redresser, fuir...

"Tu as voulu oublier ton âge ? Tu as défié avec tes seules forces la méchanceté d'une fille qui montait à l'assaut de la vie ? Tu t'es obstiné en un jeu inconnu qui n'était pas fait pour toi ? Tu as cru que tu pourrais redevenir un enfant ?", lui dit en guise de leçon, une autre prostituée, à la fin du livre. Un livre qui nous montre aussi à quel point on est aveugle en "amour" tant qu'on ne veut rien voir !

C'est formidablement décrit. Les tourments d'Antonio, les facéties et la fausse candeur de la jeune femme, le faux cousin Marcello, les mères maquerelles... Et la ville de Milan, fond souvent nocturne du roman, qui a une place si belle aussi dans ce livre, ainsi que la ville de Modène.

On aime, la formidable leçon de l'autre prostituée, à la toute fin du livre ; celle qui lui dit qu'évidemment il se trompe, et que ce qu'il vit n'est pas l'amour ! Ses tourments n'ont rien à voir, et d'ailleurs, que lui donne-t-il lui pour valoir qu'elle l'aime en retour ? Sa suffisance de petit bourgeois, alors même qu'il veut juste la tenir prisonnière, et ne lui propose même pas d'entrer dans son cercle d'amis, familial, ou le mariage ?...

C'est une écriture qui court, qui coule, qui emporte. Dans les tourments de la passion amoureuse, savoureux. Et qui parle de l'illusion qu'on peut préférer alors même qu'elle est terrible, parce qu'elle nous cache ce vers quoi l'on court si sûrement, la mort...

Merci beaucoup Patricia pour cette lecture, c'est à toi que je la dois !!

 

. Un amour, Dino Buzzati, 1963 (Italie), Robert Laffont, 1964.

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Des illusions :)

6 Mars 2013, 10:02am

Publié par la souris jaune

des_illusions.jpgEt dire que j'ai failli laisser glisser ce livre, et passer à autre chose : cela aurait été vraiment dommage ! Zapper, parce que sa quatrième de couverture est un extrait du premier texte qui le constitue, celui qui me parle le moins, parce que j'aime si peu les récits d'enfance... Pourtant cette voix d'enfant trouve sa place dans ce joli ensemble.

Un recueil de nouvelles pas comme les autres, puisque les nouvelles se succèdent malicieusement et sont reliées toutes ensembles comme un collier de perles, par un clin d'oeil discret, qu'on voit ou qu'on ne voit pas, mais qu'on se surprend à chercher, d'un texte à l'autre... Ainsi, tel personnage si secondaire dans l'un des textes va soudain prendre la plus grande place dans le texte qui suit... et tous ces personnages se retrouver comme en un bouquet final au dernier (avant-dernier ?) chapitre, pour la fête des voisins... Chaque texte se lit comme un seul, mais fait partie d'un tout. Et c'est finalement une jolie métaphore de nos vies d'humains : elles se conçoivent dans leur solitude, mais aussi dans un ensemble, notre quartier, notre village, notre réseau d'amitiés, et revêtent un éclairage autre, parce que moins intime...

L'auteur nous offre une promenade dans une galerie de "portraits" ou plutôt une galerie de vies modernes... Etats d'âme d'une mère de famille, interrogations sur l'absurdité d'un monde administratif, souffrances des solitudes, après-rupture amoureuse, passion destructrice qui laisse exhangue... Chaque texte nous touche avec force. Tout y est juste, authentique, et bien écrit. J'avoue qu'il m'a souvent rendue mélancolique, tant ce qu'il vient interroger chez nous (notre rapport au passage du temps, nos changements, nos alliances et mésalliances) est juste... Coup de coeur pour Marthe et Georges, ce couple âgé indissociable l'un de l'autre, malgré Alzheimer ("Dans leurs regards délavés par le temps, reste l'incandescence des ultimes rendez-vous, là où les âmes se rejoignent, à l'origine de la vérité") ; Des illusions, ou le paradoxe de la recherche amoureuse alors même qu'on ne tricote plus les efforts d'échanges avec ses propres voisins, ou encore Hors Circuit, l'histoire de Ludo, au chômage, confronté à l'absurdité d'une inscriptions à l'agence pour l'Emploi... 

Quant aux petits dessins qui jalonnent le livre, chapitre après chapitre, vifs et aériens, ils sont une jolie respiration dans le livre. Une jolie découverte. Merci Arnaud ! 

 

. Des illusions, Elisabeth Berlan-Mary, illustrations Jeanne du Tertre, éd. Yellow concept, 2012.

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Désolations :))

2 Mai 2013, 21:46pm

Publié par la souris jaune


4 105911088 north 320xEvidemment, avec un titre comme celui-ci, il ne fallait pas s'attendre à quelque chose de rose, rose, rose. Mais j'ai beaucoup aimé.

David Vann nous donne à voir deux couples, à deux extrémités de leur histoire... La fin, et le début. L'image de l'un pouvant faire penser à ce que pourrait devenir l'autre. Irène et Gary, elle ex-institutrice de maternelle, lui thésard avorté, qui repporte chacun de ses non-accomplissements sur le dos de son épouse. 30 ans de mariage. Et Rhoda (leur fille), et Jim. Elle, assistante vétérinaire, lui dentiste. Vivant ensemble depuis un an, grâce aux moyens de Jim, dans une maison de rêve. Alors qu'ils songent au mariage, lui ne pense qu'à une chose soudain : la tromper, pour les dix ans de "jeunesse" qu'il lui reste encore ! Et puis plus discret, il pourrait y avoir un troisième couple, presque en clair-obscur, secondaire, Mark (le fils d'Irène et Gary), adolescent attardé, marin, vivant dès qu'il le peu aussi légèrement que possible grâce aux paradis artificiels, et Karen.

Pendant toute cette histoire, Irène est aux prises soudain avec un mal de crâne persistant, un mal qui la vrille de douleur, l'entraine à se gaver de médicaments, mais qui ne se tait jamais, et la prive de sommeil... Ajoutant un ressort dramatique, qui enfle, enfle et se gonfle monstrueusement, pour aboutir à la terrible fin.

Et puis il y a cette cabane, que Garry s'est mis en tête de construire, égoïstement, sur cette île perdue au milieu du lac. Comme une vision difforme de ce qu'est devenu leur amour.

Evidemment, la nature humaine apparaît ici avec toutes ses lourdeurs, ses imperfections, ses obscessions... L'homme, surtout, n'en ressort pas grandi. Incapable d'assumer ses échecs, les faisant porter à d'autres ; égoïste, ou n'ayant d'issue pour le bonheur qu'à travers la drogue... La femme qui s'engage, indissociable de l'amour et de l'engagement amoureux. Que l'homme accepte à ses dépens, pour se perdre.

Personne dans cette histoire n'a le courage de dire stop, de tenter de se recontruire autrement. Tous semblent emportés par le cours inéluctable des choses, résignés...

Le tout dans une nature qui donne à ce roman un cadre de désolation, qui renforce la dureté du drame (car évidemment, l'issue est terrible !) : l'Alaska, et une petite île perdue, derrière un lac, souvent aux prises avec la neige, le froid, le vent, la tempête... 

Belle découverte que ce livre. L'auteur, né en Alaska sur l'île Adak, sera au salon Etonnants Voyageurs à Saint-Malo du 18logo-ev 2013 320x240-5d2b8
 au 20 mai.

 

. Désolations, David Vann. Ed. Gallmeister, paru en 2011 sous le titre Caribou Island

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La femme de chambre du Titanic :))

9 Février 2014, 12:07pm

Publié par LaSourisJOne

La femme de chambre du Titanic :))

J'ai beaucoup aimé être emportée en 1912, dans ces terres sombres et austères de la France maritime, dans ce port où la vie est rude et où chaque effort est nécessaire et prend sens. Là, l'imaginaire prend toute sa force. Parce que c'est finalement la seule bulle de sortie, d'évasion, (avec l'alcool !) possible ; du coup, le coeur du récit, un récit dans le récit, en est d'autant plus fort.

Tout commence par un rite étrange, dans le milieu des dockers, et on découvre Horty, le docker, portant un veau vivant sur le dos, dans une course de rapidité, sali par les urines du veau... Mais il gagne. Pour la cinquième année consécutive. Mais cette fois-ci, il ne gagne pas de la viande comme d'habitude, mais bien quelque chose qui va changer sa vie : une soirée et une nuit, à Southampton, pour assister au départ du gigantesque navire Titanic... Et là il fera une rencontre, qu'il magnifie, qu'il mythifie, mais qui va changer sa vie. Je découvrais cet auteur, mais j'avoue que j'ai vraiment beaucoup aimé sa façon de nous dessiner, par petites touches certaines, ses personnages principaux, à travers leurs actes... Ainsi que la manière dont il fait avancer le récit... Et même si, au milieu du récit, celui-ci reste comme en suspension, justement, et qu'il n'avance plus beaucoup... Cela participe à tendre l'attention du lecteur, à aiguiser son impatience, tout à son envie d'en savoir plus, un peu comme ces spectacteurs qui écoutent le récit d'Horty, entre réalité et rêve, sur "la femme de chambre du Titanic". Je crois que je me laisserai assez vite tenter par un autre livre de Decoin, pour voir à quoi ressemble le reste....

Il semble que ce livre ait fait l'objet d'une interprétation cinématographique en 1997.

. La femme de chambre du Titanic, Didier Decoin, Ed du Seuil 1991.

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Les brumes de l'apparence :)

28 Mars 2014, 14:00pm

Publié par LaSourisJOne

Les brumes de l'apparence :)

Je lis toujours avec un grand enthousiasme les livres de Frédérique Deghelt, que j'aime beaucoup. La vie d'une autre, La grand-mère de Jade, ou La nonne et le brigand furent de grands plaisirs de lecture pour moi. Je connais ses travers, surtout celui de se poser beaucoup, beaucoup de questions, plus précisément de questionner beaucoup, via son personnage principal la plupart du temps, et j'ai appris à les aimer.

Ici encore, j'ai retrouvé ma joie d'entrer dans un Frédérique Deghelt. De me laisser entrainer dans la réalité, d'abord stable, puis mouvante, de l'héroïne, loin des certitudes, ou plus près d'un espace où tout chancelle. Ici, l'héroïne est une femme de 40 ans, installée, pleine de certitudes, mariée avec un chirurgien esthétique, Stan, pétri de certitudes lui aussi, et mère d'un ado de 18 ans. Elle travaille dans l'événementiel à Paris, l'événementiel de luxe, tape à l'oeil, et déteste la campagne, très à l'aise dans son quotidien. Sa mère est morte (dans un accident de voiture qu'elle venait de gagner aux jeux, en joueuse invétérée), son père, scientifique, vit à New-York. Et un jour... Elle hérite d'un terrain au milieu de nulle part, dans la France profonde. Terrain qu'elle s'empresse de rallier pour le vendre et liquider l'affaire au plus vite. Seulement, rien ne se passera comme elle ne l'avait prévu. Un tout petit bout de voile se lève, et égratigne ses certitudes, lorsqu'elle éprouve un vrai bonheur, une vraie sérénité à se baigner nue dans la rivière qui borde le terrain... Et le voile se déchire un peu plus encore lorsqu'elle rencontre la soeur de sa mère, qui lui avait été cachée jusque là. Et soudain, elle va basculer dans une terre de croyances, se découvrant une ennuyeuse propension à communiquer avec les morts... Ici, je crois que j'aurais préféré que Frédérique Deghelt s'en tienne à ses questionnements habituels. J'avoue avoir trouvé une seconde partie du livre assez lourde, et pesante, marquée presque par une volonté de nous convaincre de croire à ces fantômes et à la vie après la mort. On sent l'auteur convaincue, finalement, là où elle a emmené son sujet par le biais de quelqu'un qui n'y croyait pas et à qui ça tombe dessus ; j'ai trouvé un rien indigeste, et un peu "trop", l'histoire du manoir hanté et du désenvoutement du lieu, habité par un sorcier tueur d'enfants... Cela dit, ça n'a pas gâché mon plaisir, et je me jetterai encore avec plaisir, dans le prochain Frédérique Deghelt.

• Les brumes de l'apparence, Frédérique Deghelt, Actes Sud, mars 2014.

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Cette nuit, je l'ai vue :))

1 Juin 2014, 21:21pm

Publié par LaSourisJOne

Cette nuit, je l'ai vue :))

Très très belle découverte que ce livre, et cet auteur slovène. Ici se succèdent les voix, autour de la disparition d'un couple bourgeois, Véronika et Léo. Surtout autour de ce personnage, Veronika, haut en couleurs, gai, plein de vie, insouciant, écoutant ses envies et les partageant... Pendant la guerre, entre 1942 et 1944. D'abord, la voix du militaire, chargé de cavalerie, sérieux, investi dans sa mission de militaire... A qui de plus hauts gradés confient une mission qui ne l'inspirent guère : initier une femme, Véronika, à l'art de monter à cheval... A lui, le militaire, d'abord il se cabre, puis s'installe une forte complicité entre le duo improbable. Et ce premier chapitre est touchant, sensible, beau, on y lit l'amour naissant pour cette femme, amour finalement partagé ; elle va alors quitter son mari pour aller vivre son aventure, avant de retrouver son mari pour une existence plus opulente, et plus riches de découvertes et de partages. Le militaire nous laisse donc sur sa trace à elle, qu'il a perdue, et qu'il regrette... Puis, les voix se succèdent encore toujours aussi belles et troublantes, chacune révélant un pan de l'histoire, par petites touches... La mère de Véronika, qui l'attend, les yeux rivés à la fenêtre, depuis le soir où elle a disparu ; le médecin allemand, lui aussi touché par la grâce de Véronika, et dont la présence malgré lui aux côtés du couple marqua le destin de celui-ci ; la jeune femme, travaillant au Manoir, et aimant sa maîtresse, touchante de dévotion, et d'impuissance ; et puis Jéranek, celui par qui tout arrive, le garçon de ferme... Leur issue est troublante de force, irrévocable et tellement révoltante, tellement proche sans doute de ce qui se passa sans doute si souvent, dans le sillage de la guerre... entrainant son lot d'injustices, d'approximations, de vengeances pour de 'mauvaises' raisons... C'est un très beau récit que celui-ci que j'ai vraiment vraiment beaucoup aimé.

L'auteur sera présent au salon Etonants Voyageurs, à Saint-Malo, le week-end prochain...

. Cette nuit, je l'ai vue, Drago Jancar, Phébus, littérature étrangère. 2014.

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