"Les mots "étroit" et "large" ont un sens très relatif, n'est-ce pas ? Ma vie entière peut vous sembler étroite ; et la vie de la taupe qui habite sous terre paraît étroite à mes propres yeux".
Bon, bon... J'ai encore éprouvé le besoin de me plonger dans les pages d'un Jules Verne... Arrivée au bout de celui-ci, mais non sans peine ! Je l'ai trouvé véritablement maladroit, celui-ci, un peu balourd dans le style, rédigé majoritairement à la voix passive, ce n'est pas léger léger... Surtout sur 430 pages. C'est long, long... Je suppose qu'une version "courte" serait bienvenue, et même à recommander, si elle existe, car sinon, l'histoire pourrait être palpitante !
C'est donc l'histoire d'une bande de jeunes garçons, 15 au total, âgés de 8 à 15 ans. Ils se retrouvent à bord d'un bateau parce qu'ils doivent prendre la mer le temps d'une excursion avec quelques adultes, mais... les adultes ne sont pas à bord la nuit qui précède le voyage et le bateau, pour une raison que nous découvrirons plus tard dans le récit est emporté en mer... et bientôt malmené, il échoue sur une terre inconnue.
C'est donc une "robinsonnade" : comment les jeunes garçons vont-ils se débrouiller sur cette terre dont ils ne connaissent rien ? Est-elle habitée ? Vont-ils réussir à retrouver leurs parents ?
Beaucoup d'aventures noyées dans du récit peu digeste, donc, quand même...
Voila un moment que je souhaitais lire cet auteur, pour tout ce qu'on sait de lui.
Ce livre est enfin tombé entre mes mains, et je n'ai pas été déçue.
C'est un livre très littéraire où le narrateur nous raconte sa perception et les événements de sa vie de jeune étudiant turc, sur fond anxiogène pour les habitants de contexte politique où la liberté se restreint de partout, de tous côtés, pour toutes les parcelles dites en opposition au régime...
Ainsi l'on commence par voir les bouquinistes se raréfier dans cet espace si vivant qu'était un espace leur étant dédié, qui drainait tant de monde et d'animation ; et puis un jour l'étudiant s'étonne de voir moins de monde, un autre jour de moins en moins de bouquinistes et puis le lieu rasé...
Et de fil en aiguille, tout ainsi. La différence qui se paye cher...
Il y a aussi, qui s'y rattache, la difficulté financière de vivre du jeune homme, après le décès de son père ; il vit dans une espèce d'auberge de jeunesse où tous les habitants vivent heureux, en bonne intelligence, et de moins en moins au fur et à mesure que la liberté s'effrite... Et puis il y a les hommes aux gros batons qui frappent, frappent, parfois, après vous avoir traqué...
Et bien sûr, les deux personnages féminins. Rencontrés par le personnage principal dans une étrange émission de télévision, récurrente, où il se rend pour gagner un peu d'argent. Une jeune femme au même profil que lui, également suivant des études littéraires, et bien sûr... Madame Hayat. Une femme mûre, sûre d'elle, sensuelle de laquelle le personnage principal va tomber en fascination, peut-être amoureux...
C'est un roman dont j'ai aimé la structure, le style, les personnages ; l'ambiance menaçante ; on ne peut s'empêcher évidemment de penser aussi, à la biographie de cet auteur dont on sait que, journaliste, il fut emprisonné abusivement par ce gouvernement...
"On se ment parfois tellement à soi-même. On a beau connaître ses propres sentiments, on ne mesure pas toujours leur profondeur réelle, puis le sol s'ouvre sous nos pieds, on tombe dans ce puits, c'est la stupeur".
"Au delà d'une sorte de rêve d'aventureuse solitude au milieu d'un palais bâti en romans, il y avait la certitude qu'aucun de mes choix ne saurait menacer la sécurité de l'avenir qui m'était promis".
J'ai pris plaisir à lire ce livre même si je me suis essouflée vers la fin.
Cela paraît très autobiographique, fait penser à des livres de développement personnel ou à L'homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle (en mieux écrit et en plus poétique !!).
La découverte d'une micro-société vivant sur des terres "d'où l'on ne revient jamais", aux portes du désert, et selon de très nombreux rites qui rythment les vies de chacun.
Chaque jour, chaque acte est ainsi empli de symboles, d'altruisme, de partage et d'amour. Proche de la nature, et du sens. Chaque homme et femme fait quelque chose pour sa communauté et pour les générations futures, les poètes, écrivains ont une place sensée qui apporte à la communauté...
On se dit que ça fait envie, mais que ça pourrait enfermer, tout de même, puisque sa part de manoeuvre est très réduite.... Cependant, on ne peut pas tout avoir ?
En tout cas, le personnage principal et narrateur a perdu son fils et est dans une grande douleur. J'ai passé le premier chapitre car je ne me sentais pas capable de le lire. Et puis il rejoint sa soeur qui a choisi de quitter le monde occidental pour vivre à Zagarand, intrigué... Cette expérience va profondément le marquer.
Ses rencontres, ses découvertes, ce qu'il va recevoir...
C'est à méditer, à relire pour certaines choses...
C'est intéressant à lire pour le beau qui jalonne ce territoire, cette communion avec les choses qui ont du sens et qui donnent du sens à l'ensemble...
Une belle découverte que je dois à la bibliothèque de Lanvallay.
. Les jardins de Zagarand, Eric de Kermel, éd. Flammarion, 2021
"(Grâce) à la rose de cendre, cette rose grise qui nous vient du Sud de la Chine, la douceur du pétale, l'exotisme de son parfum, j'ai compris qu'un monde infini s'ouvrait à celui qui laissait de côté la force de ses bras et cultivait sa sensibilité".
"L'homme est un animal étrange qui fait cohabiter en lui des pensées aux teintes multiples, parfois paradoxales, qui peuvent le faire passer d'une émotion à une autre sans transition".