... 770, la bonté
"La générosité de certains hommes dépasse leur propre volonté. Elle donne une idée du bonheur".
Pierre ADRIAN
Balade d'une dévoreuse de livres
"La générosité de certains hommes dépasse leur propre volonté. Elle donne une idée du bonheur".
Pierre ADRIAN
"Aujourd'hui, ne pas ouvrir sa gueule pour aboyer est un aveu de faiblesse. Certains ont pourtant choisi le silence, et leur parole est précieuse. Quand ils parlent, c'est avec leur coeur".
Pierre ADRIAN
Roman.
Bon, bon, bon. J'avais oublié que je n'aimais pas cette auteure. J'avais déjà, sans m'en souvenir, detesté Le murmure du vent, alors il faut que je m'en souvienne, quand je verrai dorénavant son nom, un titre alléchant, une couverture alléchante...
J'avais ce livre dans ma bibliothèque depuis un an. Je me suis beaucoup ennuyée en le lisant !
Ca commence par deux histoires lourdes, gorgées de pathos ; aussi, pas de finesse là-dedans, on nous placarde très vite les traumatismes de nos deux personnages, comme si c'était le postulat du roman.
Je n'ai pas aimé le personnage féminin, Callista, je le trouve bancale, pas authentique, pas abouti, peu franc... Dommage, peut-être ? Le personnage masculin (Lex) est peut-être un peu plus travaillé. Je n'ai pas aimé du tout non plus l'arrière-plan, l'histoire de la chasse à la baleine, l'histoire de cette famille de baleiniers qui porte le roman et l'accompagne. Ca ne m'a pas intéressée du tout. Les personnages secondaires sont plus intéressants...
Bon : Lex vit un traumatisme avec sa femme autour d'une enfant perdue, alors il quitte Sydney et s'installe dans le bush, en rase campagne, rachetant une maison sur la falaise... Maison chargée d'histoire familiale. Dans ce petit village où tout se sait, Callista vit seule, peint... Elle ment, se ment... Enfin, c'est ce que j'en ai retenu ! Leur rencontre suscite tout de suite de l'attirance, et de nombreux ratés faite du fait qu'ils ne se parleront finalement presque jamais réellément...
Bref, un auteur à éviter pour moi !
. La Maison des hautes falaises, Karen Viggers, éd. originale 2008 (australien), éd Les Escales 2016.
Roman.
Il faut que je parle de ce livre, plutôt raffraîchissant !
Tant en terme de sujet que d'écriture. Sujet étonnant. Très bien écrit, langue soutenue, ce qui est plutôt plaisant car pas si fréquent.
L'histoire d'une homme dont la profession est d'être imitateur. Il imite, et en fait des spectacles. Mais il imite des personnalités inconnues, méconnues, peu connues du grand public, premier sujet très intéressant, car il ne manque pas de talent, bien au contraire, il est brillant : la problématique de l'art, du talent artistique mais qui reste dans "une niche" dès lors qu'il est loin du grand nombre... Ca prête à sourire, évidemment, de lire les personnalités qu'il imite à la perfection, mais aussi à réfléchir. D'autant qu'on voit aussi la difficulté d'une salle de spectacle parisienne, petite, avec une programmation en marge, évidemment c'est intéressant, comme problématique...
En tout cas : un jour, un romancier connu vient voir son spectacle ; il se trouve que c'est un romancier qu'il admire. Ils se voient à l'issue du spectacle, et le romancier lui fait une demande peu commune et inattendue : il le paie s'il accepte de faire sa voix, de prendre sa place pour décrocher son téléphone, pendant qu'il pourra écrire, enfin, se plonger dans sa création pleinement ! Y compris avec ses proches, dont sa fille, ou son ex-femme... Il lui fournit un gros classeur, des fiches, par interlocuteur, avec des éléments à savoir, pour aider... Et il lui fait confiance. Evidemment l'imitateur est effrayé, d'abord, puis tenté... Il a carte blanche !
Alors s'en suivent des péripéties en cascade engendrées par le fait de se mettre dans la peau d'un autre...
C'était intéressant, plaisant, mais je me suis lassée et je n'ai pas été passionnée pendant toute la lecture...
Dommage, je trouve que le roman n'a pas tenu ses promesses sur la longueur , ou alors c'est moi qui me suis lassée vite du procédé malgré une belle écriture (mais des coquilles dans l'édition)...
A découvrir cependant, et un auteur à découvrir.
. Le répondeur, Luc Blainvillain, éd. Quidam, 2020.
Roman.
Ce livre m'a été offert deux fois, en moins d'un mois : par mon fils et mon amie Nolwenn. Il était donc tout à fait inévitable que je le lise un jour ! J'ai donc été doublement impatiente de m'y plonger.
Mon avis aurait pu être beaucoup plus enthousiaste si la deuxième partie du roman avait été autre, je dois l'avouer : car plus le roman avançait, plus j'étais un peu sceptique...
Cependant, une chose, qui est vraie : je l'ai dévoré, et n'ai eu de cesse de le terminer, tant j'avais plaisir à le retrouver. Ce qu'on appelle un plaisir addictif très très précieux !
Je dois dire ici que l'écriture ne m'a pas convaincue ; est-ce parce que c'est un livre très particulier pour Tatiana de Rosnay, un livre "de jeunesse", qu'elle explique avoir ressorti des cartons 26 ans après (alors il avait été refusé par l'éditeur), l'a trouvé tout à fait digne d'être publié d'où sa parution très récente !
Drôle, ça, je trouve... Le fait est cependant que je n'ai pas été convaincue par son écriture. C'est une auteure que je ne "rencontre" pas toujours ; cependant, je me souviens d'une belle lecture avec Le Coeur d'une autre.
Je vais avoir du mal à vous parler de ce livre-ci sans trop divulgacher, mais je vais essayer !
C'est donc l'histoire d'un jeune garçon, qui passe son bac, Martin. Un jeune garçon un peu solitaire même s'il a un ami Oscar (euh, cette amitié est d'ailleurs bien étrange, car ils semblent n'avoir aucune proximité et Oscar semble n'être qu'un rouage du récit !). Martin a perdu sa mère il y a 16 ans dans une catastrophe aérienne, son corps n'a jamais été retrouvé... Il vit avec son père, un avocat qui collectionne les conquêtes féminines, sa plaie de coeur étant, on l'a compris, mal ressoudée...
Martin se prend d'affection pour une SDF, Clémentine, qui "campe", rue du Bac. Clémentine du Bac... C'est cette histoire qui est plaisante, attachante, qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler le No et moi de De Viguan. J'avoue avoir été moins convaincue par la suite de l'histoire, qui entrainera Martin au Maroc sur les traces de... Pourquoi ? Je ne le comprends toujours pas. Pour nous offrir une fable moderne, sans doute, mais que je trouve finalement assez amère, même si Martin, évidemment, en se rendant au Maroc, ne perdra pas son temps...
Bon, j'ai fait ce que j'ai pu pour ne pas trop divulgacher, j'espère que vous n'avez pas trop lu entre les lignes !
Merci tout à fait chaleureux à mon fils et à Nolwenn pour ce cadeau, chacun de leur côté...
. Célestine du Bac, Tatiana de Rosnay, éd. Robert Laffon, mai 2021.
Roman.
J'ai éprouvé l'envie de relire ce roman ; ou de lire : je croyais l'avoir lu il y a longtemps et finalement j'ai un doute. C'est en entendant un extrait lu sur l'excellente France Culture dont je suis si fan que j'ai eu envie de ce livre. J'ai beaucoup aimé, même si c'est évidemment très copieux, et qu'on peut parfois friser l'indigestion ! Cependant, ce livre se laisse déguster, et surtout il est inenvisageable de le lire en transversale car l'action est lardée dans les descriptions, bien souvent.
J'ai admiré son écriture, et je redis à quel point cet auteur est brillant, alors qu'il est bien souvent critiqué ou mis de côté. Vraiment brillant, chaque page est un morceau de bravoure !
Je l'ai trouvé aussi très moderne. Publié en 1883, il retrace la vie d'un grand magasin parisien appelé Au Bonheur des dames. Nous suivons une jeune fille, Denise, arrivée de sa Normandie natale (Valognes) avec ses 2 frères dont elle a la charge, et qui débarque chez son oncle, petit commerçant au "Vieil Elbeuf". Il ne la prend pas, alors elle va bien devoir se débrouiller par elle-même et trouver un emploi... Elle trouvera au "Bonheur des Dames", et elle en rêvait...
Nous allons suivre son quotidien de travail au milieu des employés, des rivalités, des petites mesquineries, des amours des uns et des autres... les galeries de portraits sont savoureuses. Il est tout un tas de personnages que nous suivons d'un bout à l'autre du roman, entre lutte quotidienne des classes à un moment de l'histoire où cette "frontière" était plus marquée...
et puis bien sûr Zola nous donne à voir l'agonie des petits commerces, dont on voit la profusion au coeur de Paris face à l'écrasant mastodonte qui naît... Cela dessine ce que le XXe siècle vivra très évidemment jusqu'à il n'y a encore pas si longtemps, et c'est évidemment passionnant de suivre ces commerces, leurs résistances, leurs moyens d'exister...
Et puis bien sûr, il y a Denise. Un portrait de femme digne, coûte que coûte... Qui lutte même jusque dans l'amour, pour ne pas se perdre, jamais... dont on voit la personnalité se dessiner, évoluer...
Les personnages sont savoureux. Je m'en suis délectée. Tout juste ai-je été surprise par la toute fin, qui paraît bien abrupte ! On y attendrait une suite... Mais ce fut tout à fait passionnant.
. Au bonheur des dames, Emile Zola, 1883.
"L'action contient en elle sa récompense. Agir, créer, se battre contre les faits, les vaincre ou être vaincu par eux, toute la joie et toute la santé humaines sont là !"
Emile ZOLA
Vouloir, agir, créer... (...) Tu as une idée, tu te bats pour elle, tu l'enfonces à coups de marteau dans la tête des gens, tu la vois grandir et triompher..."
Emile ZOLA
Roman.
Je sais que ce roman est présenté comme malhabile, "de jeunesse"...
C'est en effet le premier roman (même s'il est publié après sa mort en 1857) de Charlotte Bronté, qu'elle écrit avant Jane Eyre. Pourtant, j'ai éprouvé un profond plaisir à lire ce livre, sans doute du même ordre qu'en lisant le Delphine de Mme de Stael. J'ai beaucoup aimé suivre ces personnages à pas lents, tout près de leur psychologie, à travers des analyses de caractères denses.
J'ai aimé aussi trouver les traces du 19e siècle dans cette oeuvre, "même" chez une auteure anglaise : ainsi le Romantisme s'exprime à plein ici : la nature n'est jamais en ce qu'elle exprime de l'homme n'est jamais très éloignée dans cet ouvrage ; les personnages ne manquent pas de lyrisme et d'exaltation des sentiments.
Le narrateur est donc un jeune homme anglais ayant perdu ses parents, et qui doit se débrouiller au monde avec ce handicap. En premier lieu pour gagner sa vie. Il commence par rompre ses attaches de famille encombrantes, ce qui n'est pas pour faciliter sa tâche, puis ira travailler chez un irascible et odieux frère aîné... C'est à Bruxelles que cette ultime rupture lui vaudra de poursuivre son chemin, encore une fois pour essayer de survivre en trouvant un emploi. Le hasard des événements finit par le faire professeur, dans un, puis deux pensionnats, de jeunes garçons puis de jeunes filles. Là, des rencontres... Le directeur du premier lieu, la directrice du second.. Une élève-professeure méritante... Des scènes, des tranches de narrations qu'on aime... Les balades au jardin... Une fenêtre obstruée qui nous rappelle des morceaux de Stendhal...
J'oublie un étrange ami anglais, étrange, vraiment, ambivalent, Hudsen, dont on ne saura finalement tout au long du roman s'il est bénéfique, machiavélique, manipulateur ou bienveillant... La force de la romancière sans doute résidera entre autre dans la conception d'un tel personnage complexe...
Quant à l'écriture de ce roman... Moi qui lis abondamment Jules Verne... Je dirais que Charlotte n'aurait pas à rougir de son écriture !
Une savoureuse découverte.
. Le Professeur, Charlotte Bronté, 1857.
"Si une femme éprouve de la répulsion à l'égard de son mari, le mariage devient un esclavage. Tout être qui pense doit se rebeller contre l'esclavage, et quand bien même la torture serait le prix de la résistence, il faut affronter la torture".
Charlotte BRONTE (in : Le Professeur, écrit avant 1846, publié à titre posthume en 1857 ; date du divorce en Angleterre : 1857).