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Le blog de la souris jaune

Vous ne connaissez rien de moi :)))

2 Décembre 2023, 17:05pm

Publié par LaSourisJOne

Roman.

Ce roman de Julie Héraclès a fait couler beaucoup d'encre, semble t-il. Je l'ai pour ma part dévoré. C'est l'histoire de la femme tondue de Chartres en 1944, au sortir de la seconde guerre mondiale, d'après une photo célèbre - réalisée alors par le photographe Robert Capa, histoire qu'elle imagine.

Je me suis beaucoup demandé pourquoi le parti-pris de ce titre, depuis le premier moment où j'ai eu ce livre entre les mains et tout au long de la lecture ; c'est vrai que ce titre me surprenait, et puis finalement, même si je ne l'aime pas énormément, eh bien il dit tout, il résume tout, y compris à l'encontre sans doute des jugements d'aujourd'hui, à sa lecture... 

Car oui, en effet : on ne sait jamais rien de quelqu'un, on ne sait jamais rien de quelqu'un d'après une photo... alors même si elle a choisi une version, une voie et même une voix, eh bien, nous ne pourrons jamais savoir ce qu'elle a pu vivre, ressentir, ni les causes profondes... 

Alors l'auteure imagine et dessine le portrait d'une jeune fille, d'une jeune femme (c'est important !) juste désireuse de vivre sa vie, comme le seraient les jeunes gens... impatients avec les choses qui ne changent pas ou n'avancent pas... Elle opte pour un choix pragmatique, regarde par le prisme de la vie quotidienne cette photo en en imaginant toute l'histoire... Loin de tout héroïsme, le choix pragmatique de la vie quotidienne.

L'histoire très efficacement menée à travers une double narration temporelle - début de la guerre et passage de ce temps-là et une journée, celle en 1944 où elle va être tondue... Les deux temporalités se rapprochant évidemment et l'une éclairer l'autre... 

Simone veut vivre : engluée dans une histoire familiale qui l'étrangle, elle veut avancer quitte à travailler pour l'ennemi (même si l'on sait qu'il se trouve que depuis ses études, elle a toujours aimé l'allemand).

Le choix de la langue pourrait surprendre (vif, proche du familier) mais il est cohérent avec le choix de la personnalité et il ne freine pas la lecture, au contraire, le livre donne envie d'être lu d'une traite.

Et puis il y a la vindicte populaire, toujours tellement odieuse et inhumaine, comment l'imaginer...

Un grand merci à Samuel d'avoir mis ce livre entre mes mains.

. Vous ne connaissez rien de moi, Julie Héraclès, éd. JC Lattès, août 2023

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G
Il y a eu tant de polémiques sur ce roman que ça m'en a détourné. Mais après-tout, pourquoi pas ?
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L
Bonjour Gambadou, alors j'aurai hâte de savoir ce que tu en auras pensé ; je trouve la peinture de cette personnalité tout à fait intéressante, toute en nuances ; très très belle et forte découverte.
A
J'ai eu un peu de mal avec le style au début de ma lecture, et puis j'ai aimé suivre cette femme amoureuse.
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L
Oui, c'est vrai que le style surprend, je me suis fait cette réflexion qu'il paraissait cru pour l'époque, mais il rend la lecture vivante et dynamique ; et puis oui, j'ai aimé aussi suivre cette femme... Heureuse de votre passage ici, Alex-Mot-à-Mots !
L
j'ai aimé cette lecture, moi aussi et surtout le style de cette écrivaine. La question que je me suis posée est ce que Capra qui a pris cette photo, avait-il de l'empathie pour cette femme. L'autre question est ce que les descendants des gens qui rient sur cette photo sont fiers de leurs aïeux ?
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L
Tiens, c'est interessant... Je n'y aurais pas pensé... Le photographe est décrit dans le livre comme quelqu'un qui prend, et sans empathie, mais c'est le point de vue de l'auteure, comment savoir... Quant à ta seconde question... Je ne m'étais pas dit qu'on pouvait reconnaître des proches sur cette photo... mais sans sans doute le cas à Chartres, en effet...