Betty :))
Roman.
J'étais bien partie pour donner 3 sourires à ce livre. Mais si finalement j'ai choisi d'en mettre deux, c'est que je me suis dit que je ne recommanderais pas ce livre à un ami sans explications, sans mises en garde. En effet, les 250 dernières pages (il y en a 700) sont tristes, oui, tristes, profondément tristes. Vraiment. Je ne peux sans doute pas vous expliquer pourquoi, mais elles peuvent être parfois insoutenables de tristesse, je trouve.
L'histoire nous est livrée du point de vue de Betty Carpenter, et cette voix qui nous confie son histoire familiale est à couper de souffle. Elle emporte. De la rencontre de ses deux parents jusqu'à la naissance de tous leurs (nombreux) enfants, leurs années d'enfance... Comment vous dire : c'est insouciant et à la fois terrible, poignant sans que ce soit larmoyant, une, des vies comme un souffle...
Le père est évidemment extraordinaire, incontournable dans cette histoire : c'est lui, le cherokee, puisque je ne vous l'ai pas dit, Betty est le fruit de l'union d'une femme blanche avec cet homme aux racines cherokee ; elle n'est pas l'aînée, mais c'est elle qui physiquement, portera les stygmates de ses origines. Un véritable calvaire enfantin, déjà, pour cette fillette des années 60, confrontées à l'intolérance et le rejet primaire de tous dans ce petit village...
Au fil du roman, des extraits de la gazette locale nous rapportent la survenue de coups de feu mystérieux... Ils jalonnent le livre, ainsi que leur narration, et la réaction des habitants, qui en lit long encore sur leur personnalité...
La poésie du père est extraordinaire. Il donne sens, illumine chaque détail du quotidien. C'est extraordinaire. Proche de la nature par sa culture, il soigne les habitants par ses décoctions, etc. C'est un magnifique personnage.
Pas d'illusions dans ce livre quant à la cruelle condition d'une fille ; accrochez-vous, le réel mord souvent. Le destin frappe fort, aussi.
Cependant, on suit avec un profond intéret la vie de cette famille simple, ce couple et leurs enfants. Handicap, fêlures, aspirations, déviances... C'est très très fort, difficile de quitter cette famille. Et pourtant... c'est un chant de Betty, ça ressemble à l'ôde d'amour d'une enfant qui a bien grandi et s'apprête à vivre sa vie... C'est vraiment, vraiment époustouflant, mais je vous préviens, extrêmement triste, quand même.
Merci à Nolwenn à qui je dois cette lecture.
. Betty, Tiffany McDaniel, éd. Gallmeister, rentrée 2020.