La chimie des larmes
... Une fois n'est pas coutume, je vais écrire ici quelques mots de cette Chimie des larmes, au terme de 225 pages, et sans l'avoir terminé. Avant qu'il ne m'éreinte.
J'avais été séduite par la couverture, le titre, et l'histoire : en miroir, à un siècle d'écart, la douleur de la perte non assumée d'un amant, par Catherine, conservatrice-adjointe de musée ; et parallèlement, l'histoire d'Henry Brendling, riche homme d'affaires, qui veut réaliser une folie créatrice pour son fils, malade, comme s'il s'agissait de l'empêcher de mourir. Ces deux histoires qui se font écho, j'aimais bien. Mais je dois bien reconnaître que les bizarreries qui l'émaillent me font l'abandonner. L'histoire d'Henry dans la Forêt noire avec une petite communauté névrosée et étouffante, incohérente, à la lisière du rêve éveillé ou du cauchemar, me saoule. Vous lisez, vous êtes dedans, et vous dérapez dans une strate incompréhensible du récit, à tel point que j'en viens à me demander si la traduction n'aurait pas été responsable des strates bizarres du récit... En tout cas, il a raison de moi. Ces passages autour du cube bleu, du cou du cygne alors qu'un canard est sensé être construit, un canard automate, vraiment, me fatiguent. Quant à cette Catherine, bien qu'accablée par ce deuil qui lui est refusé puisqu'elle est la femme cachée, elle me saoule aussi avec ses excès et ses incohérences. D'un côté elle veut s'accrocher à cette histoire passée, se plonger dans celle-ci et on peut le comprendre, pour oublier son deuil impossible, et en même temps elle a des actes et des réactions incompréhensibles excessives, de défiance, de saccage d'une pièce importante de cette tranche d"histoire, non, vraiment, j'aurais aimé finir l'histoire, mais je me dis que trop, c'est trop, et que ce livre avec ses dérapages perpétuels dans un réel parallèle étrange est vraiment trop pour moi...
A quand un bon roman que je n'aurais plus envie de lacher ?
Médiathèque de Saint-Malo.
La chimie des larmes, Peter Carey, éd. Actes Sud, septembre 2013